Extrait du journal

Les princes d'Orléans sont revenus de l'exil. Devant cette famille qui a régné hon nêtement sur la-France, après tant de malheurs si dignement supportés, au sou venir de tant de vertus et d'honneur,, qui oserait ne pas prononcer ce nom aveG respect et ne pas saluer, tout d'abord, le retour des nobles exilés !... Mais la France est si profondément malheureuse, qu'à peine a-t-on cédé à ce' premier élan du cœur, on réfléchit et on se demande ce qui va en advenir ! Avant tout, il y a une question qui se dresse devant nous : comment ces princes nous reviennent-ils en ce moment ? Sontils députés du peuple ! Sont-ils princes de la maison de France ? S'ils sont députés du peuple, comment reconnaissent-ils le droit divin? Et s'ils sont princes de la maison de France, comment reconnais sent-ils le suffrage souverain ? La fusion est faite, nous dit-on? mais il faut avouer qu'elle est faite d'une bien étrange manière : car, si l'on questionne un Orléaniste , la fusion c'est l'abdication d'Henri V, et si l'on questionne un légi timiste, c'est l'abdication du comté de Paris attendant l'héritage de son roi lé gitime. Puis, si elle est faite entre les princes, est-elle faite entre les principes ? Les par tisans 4du droit divin ont-ils pardonné aux princes révolutionnaires de Juillet? Et les libéraux de 1830 ont-ils reconnu le droit suprême de Henri de Bourbon. Mais non, on ne s'explique pas ; on at tend... on hésite... Les princes, eux-mê mes, avec une ùonnêteté que nous leur reconnaîtrons toujours, mais aussi avec cette habileté qui est comme un héritage dans la maison d'Orléans , prononcent des paroles mystérieuses qui font tout espérer, et qui ne laissent rien com prendre. Et l'on continue ainsi depuis deux mois à se tromper les uns les autres, croyant s'entendre, par horreur de la République,ce que je trouve tout naturel, mais sans se demander où l'on va, ce qui me paraît bien lamentable ! car la République a cela de particulier, qu'inspirant en France un dégoût universel, tous les honnêtes gens se trouvent réunis contre ellé pour la renverser, et que ce n'est qu'au jour dé sa chiite qu'ils s'aperçoivent ne s'être ja mais entendus... M. Thiers, lui, se demande où l'on va. Cet homme de tant de bon sens, d'expé rience et de patriotisme avait trop bien...