Extrait du journal

Il est donc bien juste de continuer les petits cadeaux du pouvoir à une société d'écrivains qui laisse diminuer le droit d'écrire, paralyser le droit de parler et calomnier les journaux. Ce n'est pas en se tenant debout qu'on ramasse des fa veurs; demandez à ceux qui, sous tous les régimes, ont leurs noms sur la liste des fonds secrets! Ce que je dis là n'est pas une querelle de personnes. J'ai des amis dans le bureau de la société des gens de lettres, et, bien qu'ils soient des amis littéraires, ce sont des amis que j'aime réellement et que j'estime. Croyez-vous qu'ils me blâment ? Non ; ils pensent comme moi; ce n'est pas leur faute ; mais les statuts inflexibles, mais l'organisation de la société, mais les habitudes, la tolérance du pouvoir, mais le besoin de subvention, de secours, que sais-je? Tout les entrave dans leurs bon nes intentions. Il n'y a donc rien à faire qu'à susciter une société nouvelle, où le premier principe, soit celui de l'indépen dance et de la dignité des gens de lettres; une société qui aide au crédit littéraire et qui soit une caution d'honneur, qui pro voque la reproduction dans un journal, et qui fasse multiplier les journaux ; qui re fuse toute aumône du pouvoir, pour luifaire entendre toute vérité ; qui ne reçoive ni des croix de bois pour les morts, ni des croix d'argent pour les vivants. Mais on arrivera, je sais bien... ou plu tôt je ne sais quand. ■ ■ - Ferragus. , .. ;...