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Le Figaro, 12 septembre 1928

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Le Figaro
12 septembre 1928


Extrait du journal

' tier de moraliste me le commande : nul ne pense même à sourire. C'est trop joli. Trop de bonne volonté. Une fausse naïveté agace, mais un profond sentiment, qu'a-t-il besoin d'un bel ha bit ? Ceux-là viennent au-devant de la mer comme ils sont. Elle est donc verte et blanche, la mer, avec ces taches d'encre que ré pand l'ombre des nuages. Elle qui nous sert, à nous, de jouet, elle est leur amie et leur ennemie de tous les instants, leur pain quotidien, peut-être leur tombe. De la petite estrade où claquent les pavillons multicolores, une voix leur parlé de Celui qui apaisait les flots et peuplait tout d'un coup de poissons les filets jusque là tendus en vain. C'est le miracle de l'elïort soutenu par l'espoir et la confiance, et payé comme cela, par un bonheur et une foi qui même précédent la récompense. Sur notre droite, le regard découvre, pein tes en traits d'aquarelle sur la courbe riante du golfe, les lignes du port de Fécamp, d'où l'on part pour TerreNeuve. L'une de nos trois barques a touché de son nez la terre, pour prendre à son bord «le prêtre avec la Croix. Elle s'est un peu éloignée et danse assez dure ment, sur. place; laissant fuir sous la quille une vague après l'autre. Les quatre points cardinaux ont été bénis, les vents, sont conjurés. Il faut que l'eau elle-même soit exorcisée et sacrée. La Croix y entre, tenue par le prêtre qui la regarde en priant. Signe à la fois de l'esprit et de la passion, avec son dieu aux bias ouverts qui ne se lasse pas de contempler le monde en souffrant ni d'en avoir pitié. Un nou veau sentiment de la vie et de la mort aura gagné le cœur le plus oublieux. J'étais encore sur la plage au soir descendant,. La mer s'était apaisée. Elle était immobile, déserte et figée, mais légère et pour ainsi dire cristal line. Confondue avec le ciel à l'horizon, elle semblait tout entière une immense perle rose, si vous voulez, une bulle irisée, pour mieux dire, une bulle en suspens, qui va se résoudre. Délice de réunir dans un même songe l'idée de notre sort (les trois voiles des caravel les de Colomb) et celle des mondes qui sont par delà cette bulle, et que la lumière du soleil efface. . Eugène Marsan. Les manœuvres de l'armée du Rhin Déclarations du général Guillaumat...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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