PRÉCÉDENT

Le Figaro, 16 avril 1900

SUIVANT

URL invalide

Le Figaro
16 avril 1900


Extrait du journal

Sur la rive gauche, pendant toute cette première journée publique et payante, le succès n'a, pas été m'oins grand et la foule a été peut-être encore plus nom breuse que sur la rive droite. , AU Champ-de-Mars Du matin au soir, les.guichets n'ont cessé de fonctionner. Malgré l'immense foule, il n'y a pourtant pas eu encombre ment. Ah ! s'il pouvait toujours en être de même ! Nous devons cette possibi lité de circuler à il'étendue des surfaces dont jouissent les exposants. Vainement on a dit que rien n'était prêt; vainement on a conseillé au public d'attendre un mois avant de visiter l'Ex position. Le public est plus impatient que cela. Personnellement j'aime bien mieux, en une première visite, qu'un palais ne soit point complètement terminé. J'ai le temps alors de regarder la décoration des moulures, les sculptures du cadre, la fa-f çon dont une frise est taillée, toutes cho ses qu'on ne pense plus à étudier quand les vitrines sont garnies. Le public doit être également de cet avis, car les galeries des tissus, des meu bles, encore peu garnies, étaient pleines de visiteurs, examinant les devantures très curieuses des dépôts autrichiens, suisses, bosniens, italiens. Des gens, malgré les cinquante céntimes à donner, gravissaient l'escalier du palais lumineux rien que. pour voir les ouvriers réparer les dégâts, facile ment faits en un kiosque de verre. ' Déjà, partout, jouaient' des musiques, attirant dans les brasseries, où on ne pouvait trouver un siège, tout un peuple heureux de se reposer, car on se fatigue bientôt à monter, et à descendre pour remonter. Certains demandent aux gardiens de la paix où ils doivent aller pour suivre exactement le chemin qu'a suivi le Pré sident de la République de la salle des Fêtes au pont d'Iéna.Et ils le suivent, tout fiers, parfois se penchant pour regarder les dessous, vraiment étranges, du Château d'Eau, -ou entrant dans le palais des Lettres, attirés qu'ils sont par les couleurs d'une bou tique. En oe Champ-de-Mars, le public a une physionomie toute particulière ; il se compose notamment de commerçants, d'ouvriers, d'habitants de la banlieue. C'est bien déjà le public du dimanche. Fréquemment il se renseigne auprès des gardiens de la paix. Il faudra que M. Lépine fasse donner à ceux-ci une consigne plus large. On demande à l'un d'eux : — Où devons-nous aller pour monter à la plate-forme roulante? Il répond : — Passez par le 28. Si technique qu'il soit, le renseigne ment est vraiment insuffisant. Le 28 ? Qu'est-ce que c'est, que ça, le 28? Cela doit être le chiffre de la section où se trouve l'escalier le plus proche. Mais comment le brave homme, venu peut-être des Lilas ou de Montrouge, comprendrait-il ? Les gardiens de la paix devant avoir souvent l'occasion de répondre à des questions semblables, il me paraît utile qu'on les prépare à tout ce que pourront demander les étrangers. Reconnaissons que, déjà, ils savent dire comment on se rend à la rue des Nations qui a été tout de suite celle dont on leur a le plus demandé le che min. Cette rue, malheureusement con damnée par les dimensions du quai à se trouver trop étroite pour les innombra bles visiteurs qui voudront l'admirer, est absolument bondée. Par bonheur, plusieurs palais sont déjà ouverts. Il suffit que quelques per sonnes indiquent le chemin de l'un de ces palais pour qu'aussitôt un grand vide se produise dans la queue sans cesse re-1 nouvelée des visiteurs. Ainsi, tout un flot humain pénètre dans le palais national d'Autriche, dont le seul escalier est une magnificence. Quand on arrive au premier étage, on voit, par trois larges baies ouvertes, les œuvres d'art envoyées par les artistes polonais de Cracovie. Au milieu de toiles d'une fantaisie étrange sont les très beaux portraits du prince. Xavier Lubecki, par MyrtonMichalski; du chancelier de l'empire comte Goluchowski, par Pochwalski ; du peintre Axentouriez par lui-mênàe, etc. On remarque surtout celui de l'empe reur Guillaume II à cheval, par Kosak, et il est à constater que les réflexions du public à la vue de ce portrait sont loin d'être désobligeantes. Les palais de Hongrie, des Etats-Unis, sont également visités. On se promet de revenir dans chacun d'eux. Comment fera-t-on pour voir en détail toute l'Ex position, et qui pourra se vanter de la connaître ? Nous entendons des gens qui parlent de se rendre au «Tour du Monde». C'est une idée. Suivons-les. Mais tout à coup des rires semblent tomber du ciel. Le chemin roulant passe au-dessus de nos têtes. On l'a inauguré ce matin. Ce serait amusant d'y monter. Le Chemin roulant Pour cinquante centimes, on y est. Aussi tout le monde veut-il y être. C'est un succès colossal. ....... . Au haut dç l'escalier qu'il faut prendre...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

En savoir plus
Données de classification
  • picard
  • oury
  • waldeck-rousseau
  • maubant
  • edmond rostand
  • loubet
  • moser
  • a. périvier
  • moreau
  • métivet
  • paris
  • france
  • iéna
  • algérie
  • indes néerlandaises
  • russie
  • washington
  • transvaal
  • alger
  • new-york
  • la république
  • drouot
  • union postale
  • petit palais
  • grand palais
  • allez frères
  • mumm
  • grands magasins de la place clichy