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Le Figaro, 18 mai 1916

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Le Figaro
18 mai 1916


Extrait du journal

Chaque nation a son art favori, celui dans lequel elle s'exprime le plus naturellement. Pour les Flamands, c'est la peinture'. Ce sont ses artistes qui ont répandu par le monde la gloire de ce peuple, qui lui ont donné une ; grande place dans l'histoire de la civilisation universelle. Or, il suffit de parcourir cette exposition de guerre, - où à la vérité rien ne parle de la guerre, comme ' si les artistes belges n'avaient pas voulu faire appel à la légitime pitié qui va de toutes parts à leur pays martyrisé, p,our voir que si cet art profondément original doit quelque chose à d'autres ' écoles, c'est uniquement à l'école française. Que les Van Rysselberghe, les Wauters, les Claus, les Gilsoul, les Ensor, les Baertsoen aient une vision de la nature qui leur appartient bien en propre, cela ne se saurait nier. Cette couleur chaude et vigoureuse, ce sens de la volupté de la couleur, ils les doivent avant tout à leur ciel changeant, à leur pays verdoyant, à leurs ancêtres les grands peintres,flamands qui, avec un réalisme patient, apprirent à regarder autour d'eux ; mais toutes les méthodes nouvelles de peindre, de traduire la beauté du monde, ils en sont redevables à ces grands inventeurs des nouveautés 'de l'art que furent toujours les artistes français. Les grands paysagistes de l'école de Fontainebleau, les impressionnistes, les néoimpressionnistes ont eu des disciples en Belgique et particulièrement en Flandre, disciples souvent égaux à leurs maîtres, qui toujours ont exprimé des sensations différentes de celles de leurs maîtres, parce qu'avant tout ils étaient de chez eux : disciples néanmoins, observateurs attentifs de règles et de méthodes inventées en France, et qu'ils appliquaient avec une originalité supérieure....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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