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Le Figaro, 19 avril 1900

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Le Figaro
19 avril 1900


Extrait du journal

quarante-huit ans, cet officier distingué, dégoûté de la carrière militaire, se re tira. Il exhala son- mécontentement en des termes que mon respect profond pour l'armée ne me permet pas de repro duire. Il est allé mourir en Afrique', et les Anglais, bons juges en la matière, ont rendu d'eux-mêmes justice à sa bra voure, en l'ensevelissant dans les plis du drapeau français. Ceux qui le con naissaient et ceux qui l'aimaient au raient voulu que ses dernières volontés fussent respectées et qu'on se contentât d'un service religieux d'où l'on aurait banni toute manifestation politique. Mais un certain nombre de citoyens français, réunis sous le nom de «Ligue de la Patrie française», ont jugé à propos de s'emparer du colonel . de VilleboisMareuil mort, et ils ont transformé le service funèbre célébré à Notre-Dame en une apothéose de l'honorable général Mercier, pour lequel le colonel défunt professait plutôt de l'antipathie, on peut le dire sans offenser sa mémoire. Je comprends, sans le partager, l'enthousiasitte qu'inspire, à quelques pa triotes plus exaltés que réfléchis cet homme de guerre, qui .nous aurait cer tainement rendu l'Alsace-Lorraine s'il en avait eu l'occasion, mais qui, à défaut des clefs de Strasbourg et de Metz, nous a. donné le spectacle d'une des plus épouvantables erreurs judiciaires que contiennent nos annales. Je me demande seulement s'il était tout à fait nécessaire, pour ajouter à l'éclat de la cérémonie funèbre d'hier, qu'un sous-brigadier de la police fût assommé d'un coup de canne plombée. Incontestablement, le colonel de Villebois-Mareuil n'aurait pas approuvé cette façon d'honorer l'armée en fêlant le crâne d'un ancien soldat. Il est bien re grettable que. le possesseur de la canne plombée ait été arraché par ses amis des mains des agents. Il y aurait eu plaisir à le connaître et à savoir com ment il conciliait la familiarité de son acte avec la noblesse des sentiments qui l'avaient attiré à cette cérémonie. Hier, avec un effort de logique dont ils sont coutumiers, quelques journalistes faisaient remonter jusqu'à M. WaldeckRousseau la responsabilité de l'incendie de l'église, d'Aubervilliers. Aujourd'hui, jusqu'à qui faut-il faire remonter la res ponsabilité de l'acte sauvage dont un père de famille, défenseur patenté de l'ordre et de la propriété, vient d'être la victime J. Cornély....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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