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Le Figaro, 19 janvier 1930

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Le Figaro
19 janvier 1930


Extrait du journal

Notre temps, qui démolit avec ardeur ce que les siècles précédents ont conservé, s'attaque ici et là "aux derniers vestiges de la maçonnerie romaine. ,L'a.utre, joue, c'est à Angoulême que la pioche a entamé un vieux mur d'enceinte, dont il restait un pan, non loin de l'Hôtel de Ville. Ce mur avait défié les âges. Il >avait vu bâtir auprès de lui la tour de Lusignan et le château des comtes d'Angoulême ; il avait vu le berceau de Marguerite de Navarre, la sœur de François I". Pour finir, comme il était toujours aussi solide, on lui avait adossé le monument aux fils de la Charente tués à l'ennemi en 1870-71. Mais il n'est si vieux serviteurs dont on ne se lasse. Le mur romain avait cessé de plaire. On a entrepris de le jeter à bas. Seulement, un mur romain ne se laisse pas faire a,insi. Celui-là a résisté à la pioche, au marteau, au levier. Sts moellons ne voulaient pas se disjoindre. Et quand ils ont cédé l'un d'eux s'en est allé frapper le monument voisin : la dame symbolique qui représentait la Charente a été frappée, eHe a les deux bras cassés et elle a perdu son glaive. Ce qui prouve que la Charente a eu tort de défier la puissance romaine. Elle n'était pas de force. Pas plus, d'ailleurs, que les autres départements français, à com mencer par celui dont Paris est le chef-lieu. Car il-.y-a aussi des murs romains à Paris, et quand les entrepre neurs s'y frottent ils n'ont pas plus de succès que ceux d'Angoulême. C'est arrivé il y a quelques mois, en creusant une ligne du Métro près du musée de Clunv. Le conseiller-député-radical-socialiste de l'arrondissement a protesté contre la lenteur des travaux. Il aurait volon tiers prononcé un discours à la Chambre et deux à l'Hôtel de Ville pour venir au secours du progrès de la science ét de l'urbanisme mis en échec par le débris d'une civilisation abolie. Mais ie mur romain a mis de long mois à capituler devant les ingénieurs du vingtième siècle. Le ciment romain était plus, solide que notre béton armé ; on n'aura pas îa peine de démolir nos construc tions dans deux mille ans puisqu'elles s'effondrent par fois avant d'être achevées. C'est fort bien de détruire des vieux murs gênants ; il serait encore mieux d'ap prendre à bâtir de façon aussi durable. C'est un ensei gnement qui pourrait aller très loin. Car il y aurait lieu de se souvenir de ce mur que les Romains avaient élevé au bord du Rhin et qui passait par Cologne, Coblence, Mayence... Mais ce mur-là aussi est en ruines. Et l'on ne; met à sa place que de la brique creuse, . André Rousseaux, ,...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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