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Le Figaro, 20 mai 1931

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Le Figaro
20 mai 1931


Extrait du journal

Voici la réponse que vient de lui faire M. François Coty: à Monsieur G est on Jèze, professeur de Finances publiques et de Droit public à la Faculté de Droit de Paris, 63, boulevard des Invalides, Paris (7"). -* Mcffisieur, ---- Vous vous ï&éprenez entièrement sur nos droits et devoirs respectifs -en-ce.--q.tii regarde l'objet de votre émoi. Je vous ai fait demander, de la façon la plus courtoise, par des amis qualifiés, en avril 1926, comme je l'avais fait pour MM. Berthélemy, Germain-Martin, Achille Mestre et William Oualid, une consultation sur ce point très précis : la création et" le fonctionnement d'une Caisse autonome d'amortissement, dont j'avais depuis longtemps conçu le projet, considérant que c'était le plus sûr moyen-de contrôle réclamé par une situation financière et économique en détresse. Or, c'était surtout de ce contrôla dont on ne voulait pas, car s'il avait existé, s'il avait pu fonctionner conformément aux prescriptions légales que vous préconisiez avec nous à cette date, on n'aurait pas pu livrer à l'étranger CENT MILLIARDS DE MONNAIE D'OR FRANÇAISE grâce auxquels M. Aristide Briand put gagner à Genève, au nom de la mystique de paix, le? voix de tant d'intéressés à payer le moins possible ou à ne rien payer du tout de ce qu'ils devaient à la France. C'est là où éclate tout le mérite de la! stabilisation du franc qui, conçue pour assainir les finances françaises, a eu pour premier résultat d'alléger la dette de l'Etranger envers la France et de faciliter toutes les spécula tions .malsaines que nous avons dénoncées. Avec toutes les apparences de la légalité, M. A. Briand pouvait apporter à la Société des Nations, de même qu'aux petites puissances qui n'en faisaient pas partie, la remise partielle ou totale de leur dette; C'est ainsi qu'il s'est taillé une popularité qui repose bien moins sur l'idée de pa'ne que sur les largesses qu'il a faites aux dépens de là France. Comme vous voulez bien le dire vous-même, avec une entière liberté et une com plète indépendance,, vous nous avez donné cette; consultation qui, comme celle der vos confrères, était des plus favorables. Comme celle de vos confrères, elle a été publiée en,-première pagé de Figaro, le 6 mai 1926. Personne à cette époque n'a pu soupççnner que lorsque vous; affirmiez que « financièrement le projet de M. Coty pré' sente un intérêt tout particulier », cela cachait le scepticisme que vous affichez aujourd'hui et que vous n'accordiez à la Caisse d'amortissement que la vertu d'un encouragement moral. , ' ! Vous Voudrez bien observer, monsieur, qu'en nous adressant à vous, nous n'avons pas eu l'indiscrétion ou le mauvais goût de vous questionner sur vos opinions poli tiques, ni de vous demander quels étaient les hommes publics qui avaient' ou héh votre confiance et votre sympathie. Pas. plus à cette époque que maintenant, nous n'avons eu l'intention de faire du relèvement de la France une entreprise politique. Si nous y avions songé, peut-être ne nous serions-nous pas adressé à vous. Mais; la seule chose qui nous importait était de connaître et de faire savoir ce que les hommes les mieux qualifiés — pour ne pas dire les plus qualifiés, puisque Vôtre modestie paraît en souffrir aujourd'hui — s'accordaient à penser d'un plan que l'opinion publique attendait avec anxiété. Les réalisations que nous souhaitions n'au raient. pas été seulement un facteur d'ordre psychologique : en ranimant la con fiance, elles entraînaient le pays dans un mouvement de collaboration nationale qtli l'aurait préservé de tous les désastres que nous avons enregistrés depuis. Soyez assuré, monsieur, que nous n'avons jamais été de ceux qui croient à la magie des mots ou des. actes, pas plus qu'au miracle des coups de baguette. Vingtcinq années d'expérience éprouvée sur les vastes chantiers du monde nous ont montré que si les théories sont bonites pour le principe au départ de toute action humaine, il est plus, opérant de les adapter et "souvent de les corriger en se basant sur l'action réalisatrice. Nos réussites constantes dans les domaines les plus divers et par des moyens originaux en sont les plus sûrs témoignages. Ce n'est pas nous, monsieur, je l'espère, que vous classerez parmi les « financiers amateurs » auxquels vous faites allusion. Ceux-là, il faudrait aller les chercher ailleurs, parmi les hommes que vous voulez défendre et qui pourtant, au moment où se produisit notre initiative, au lieu de la combattre, commencèrent par la louer ostensiblement. Ils offrirent ensuité, en toute hâte, au pays, une caisse d'amortissement privée de toutes ses garanties essentielles. Ils espéraient ainsi détourner à leur profit le bénéfice moral d'une idée que le pays avait approuvée d'enthousiasme. On connaît la déclaration de M. Aristide Briand en personne et celle que fit plus tard M. Raymond Poincaré à la tribune du Parlement. Ceci dit, monsieur, nous finirons là oùil vous a plu de commencer. Nous ne nous sommes jamais placé dans le cas de mériter la leçon de convenance que vous voulez nous donner et il ne nous est jamais venu à l'esprit d'utiliser votre nom au profit d'une campagne sévère pour vos amis politiques. Mais afin que votre satisfaction soit complète, nous ne nous contenterons pas d'assurer à votre lettre la publicité qu'elle réclame impérieusement. Nous estimons, en effet, que nous vous devons plus et mieux: un affichage public — puisque c'est une de nos affiches qui attira, un peu tard— le 14 mai seulement — l'attention de vos informateurs. ' Veuillez croire, monsieur, à mes parfaits sentiments. FRANÇOIS COTY. LIRE EN DEUXIEME PAGE : Le texte INTÉGRAL de la consultation de M. Gaston Jèze, concernant le projet de Caisse autonome d'amortissement que lui avait fait soumettre M. François Coty. -....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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