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Le Figaro, 20 novembre 1931

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Le Figaro
20 novembre 1931


Extrait du journal

Au cours des débats fastidieux que l'absence de méthode et la loquacité de ses membres imposent à la Cham bre, il se trouve presque toujours, quand même, lorsque la question touche à J'intérêt national, un orateur pour prononcer le discours de bon sens qui traduit le sentiment du pays et que le pays attend. Ce discours-là, quel que soit le groupe qui ait mandaté l'orateur, fait un moment, dans l'hémicycle, l'union nationale. Dans la question de nos prêts à l'étranger, ce discours a été prononcé hier par M. Marchancfeau, le maire radical-socialiste de Reims. Ce n'est pas par adhésion au radicalisme que M. Louis Marin, et la droite avec lui, l'ont plusieurs fois ap plaudi, non plus d'ailleurs que ce n'était pour con tresigner les campagnes dé l'Ami du Peuple et de Figafo que M. Marchandeau se ralliait èn cette matière à des idées qui ont été exposées et constam ment défendues ici. Cette entente n'était point une alliance momentanée de partis : c'était l'accord français. L'injustice du monde domine en ce moment la question des dettes et des prêts. Pis que l'injustice : il y a, parmi les nations atteintes avant nous et plus durement que nous par la crise, comme une union de jalousies. Elles sont aveuglées par l'afflux d'or à la Banque, qui est un signe de monnaie saine, mais non de prospérité réelle et durable, et notre misère moindre inspire de la rancune à celles-là mêmes qui nous doivent de la reconnaissance, « comme si nous étions les auteurs de leurs maux ». La France, qui ne sait point haïr, elle l'a trop prouvé, souffre d'être méconnue. Elle ne veut pas aller jusqu'au sacrifice total de duperie. Ce sont ces sentiments qui ont préparé au dis cours d'hier le succès qu'il a obtenu. « Nous avons, dans ces derniers mois, a dit l'orateur, beaucoup donné, nous n'avons pour ainsi dire rien reçu ». Nous avons adhéré au plan Hoover, coût : deux milliards. Quelle contre-partie avons-nous obtenue? Aucune. Quelle garantie ? Celle de l'or des ca ves de la Reichsbank. En cas de besoin, ajoutons en cas de conflit, le. trouverions-nous, prêt à nous Être remboursév?'.î. Nous -avons?prêté cet-été huit milliards à l'Angleterre. Quelle contre-partie nous a-t-elle donnée ? Des tarifs protecteurs J Sommesnous donc si riches, pour être si généreux ? Notre balance commerciale est déficitaire largement et l'équilibre budgétaire prochain ne peut être qu'ap parent : il ne faudrait point une loupe pour aperce voir les endroits où la crise rongera l'étoffe du bud get de 1932. Rapprochement avec l'Allemagne, oui. Mais qu'elle n'abrite pas « la cascade de manquements à ses obligations sous le principe des solidarités inter nationales ». L'argent emprunté d'ailleurs a souvent brouillé des amis au jour de l'échéance, il a bien rarement resserré des liens. Les prêts à l'Allemagne sont à terme un risque de guerre. Songeons à nos industries qui. souffrent, songeons à nos chômeurs. « Et, en même temps qu'on examine la capacité de paiement de l'étranger, qu'on pense à celle du contribuable français ». Certains modérés regrettaient à la Chambre que ce discours, qui s'est placé au-dessus de la mêlée parlementaire, n'ait point été prononcé par un membre de la majorité. Peut-être, après tout, vautil mieux que ces paroles de sens commun, de sens national aient été portées à la tribune par un homme de gauche qui, demain, redeviendra parti san et que nous combattrons. Tant pis si, dans son groupe, on mêlait à son discours des arrière-pen sées politiques, et si l'on y voyait la base d'une « opération ». Tant pis pour le gouvernement s'il a méconnu la doctrine soutenue par l'orateur. Ce discours est bon. C'est un devoir de le dire. Il ex prime une opinion française....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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