Extrait du journal

Nous avons dit hier, en y mettant tout le ménagement qu'on doit à des malades, quelle tare d'origine et quel vice redhibiJtoire empêcherait pendant de longues an nées encore la République de s'acclimater parmi nous. Il nous reste à indiquer ce qui manque aux partis dont la monarchie est sinon le but immédiatement poursuivi, au moins le modèle et le pressentiment lointain. A ceux-là, assez intelligents pour ne plus s'illusionner, assez forts pour tout entendre, nous n'estomperons pas la vérité et ne sucrerons pas le reproche. A quoi bon d'ailleurs? Une simple forme, c'est-à-dire une nuance à peine, les sé pare des rares républicains qui, comme eux, ne comprennent pas le progrès sans le bon sens, le droit sans l'ordre, et la li berté sans la justice, ce qui prouve que le vocable gouvernemental, soit République ou Monarchie, est également synonyme de l'une et de l'autre. En France, quoi qu'on fasse ou qu'on écrive, il y aura toujours — et ceux-là seu lement n'en conviendront pas qui se met tent sciemment le doigt dans l'œil et dans l!oreille— autant de tendances sociales et d'institutions démocratiques dans une royauté que d'aspirations individuelles et de mœurs aristocratiques dans une ré publique. Et le suffrage universel, prin cipe ou justification de l'une et de l'autre, non- seulement n'y contredira pas, mais c'est lui-même qui veut et qui fera qu'il en soit ainsi. Un républicain de génie, un grand homme dont les deux coryphées, les plus en. vue du parti dans ces derniers temps, MM. Emile Ollivier et Gambetta, affectent de faire leur épée de chevet, Machiavel définissait, dès le seizième siècle, cette nécessité de monarchiser les républiques dans les pays d'extrême civilisation. Les fermes sont excellents, et n'ont pas vieilli, au contraire : « Qu'on ait à introduire ou à maintenir la liberté dans une république, il faudra toujours la réduire à un gouvernement qui penche plutôt vers l'état monarchique 'que vers l'état populaire, parce que les hommes que leur caractère rend indociles au joug des lois ne peuvent être arrêtés que par le frein d'une autorité presque royale. » Et un peu plus loin : '« Quoique pauvre, Une république ne doit pas s'abstenir de donner. » : Ce n'est pas là'seulement une vérité...