Extrait du journal

. Il n'avait pas d'âge bien déterminé, car il n'attendait plus le lendemain, sachant qu'il ne lui apportera rien, et le temps avait perdu toute prise sur lui. Ses vêtements avaient dû être faits pour son corps, mais semblaient fort disposés à l'abandonner. Il suivait le trottoir, le chapeau à la main, et chantait comme on crie pour réveiller les gens ou pour s'assurer de sa propre existence. Il n'incarnait pas encore la misère qu'on rencontre en pleine nuit, l'échiné courbe, les ijiains derrière le dos, marchant avec ce pas lourd et têtu qui devra durer, jusqu'à l'aube, qu'on aperçoit boulée contre une entrée du métropolitain, ou attendant les' restes de ga melle à la porte d'une caserne. Il demeurait encore un homme qui essayait de mendier en prétendant chanter. Une ménagère, le bras raidi par le filet à provisions, traversa la rue pour lui remettre son aumône'et s'éloi gna en grommelant que c'était malheureux de'voir un bachelier en venir là. Ainsi un bachelier chantait... non point par goût de la vie de bohème et pour franchir une semaine difficile, mais accablé par les événements et ayant accepté sa déchéance-,...