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Le Figaro, 25 mars 1892

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Le Figaro
25 mars 1892


Extrait du journal

La Mi-Carême a eu cette année un succès plus bruyant que jamais. D'ailleurs, depuis trois semaines, ces dames et ces messieurs des lavoirs couraient de l'un à l'autre costumier pour découvrir le déguise ment le plus flambant... au plus juste prix. Est-il besoin de dire qu'ils ne s'adressent ni à Mme Baron ni à Landolfï ? Il y a là une clientèle élégante qui les gênerait. Cependant, les reines de lavoir ne sont pas, en ce jour de fête, aussi économes qu'on le croirait, et leurs costumes, constellés de pierres fausses, ne se louent pas moins de ioo francs. Les suivantes : marquises, duchesses — car les blanchisseuses ont un véritable faible pour les costumes de caractère — se travestissent à meilleur compte ; elles en sont quittes pour une trentaine de francs. Les hommes, en dépit, ou peut-être même en raison de leurs opinions démocratiques, tiennent généralement à se déguiser en rois. Henri II, Henri III, sans doute à cause de la barbe, sont en grande faveur. D'ailleurs, le costumier désireux de contenter ses clients ne se gêne pas pour leur présenter comme vête ment royal de simples habits de gentils hommes — tant il est vrai qu'il n'y a que la foi qui sauve ! La décoration du char est confiée à des spé cialistes qui les livrent tout prêts à paraître sur le boulevard pour une somme de ioo à 250 fr., selon leur dimension et leur richesse, le nombre des chevaux et la prestance des cochers. Les travestissements des piétons sont plus modestes : les Titis, les Pierrots, les Mèphistos, les Clowns, les Petits diablotins qui, grâce aux bousculades de la rue, ne rappor tent pas toujours leur défroque intâ'Cit'e, trou vent leur affaire chez des fournisseurs de troisième ordre moyennànt trois francs ou cent sous. Les prix étaient beaucoup plus élevés il y a quelques années, mais la mode des déguise ments s'en va. Tout passe! Tout lasse ! Tout disparaît : et le confetti remplace triomphalement le travesti, inondant Paris de sa petite grêle blanche. Lagasae....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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