Extrait du journal

Avant d'interroger ce livre dans sa « lettre» et dans son «esprit, » je prends acte de ces paroles très remarquables, et que je crois très sincères, de la préface des Apôtres : « Prenons garde d'être complices de la diminution de » vertu qui menacerait nos sociétés si le christianisme ve» nait à s'affaiblir ! Que serions-nous ■ sans lui ? » L'enga gement est solennel, il est formel. Je l'ai lu et relu, car je n'y pouvais croire. S'il y manquait, j'avertis M.Renan qu'il lui serait bien difficile d'en contracter d'autres avec sa conscience et de nous les rendre respectables. Lors même qu'il croirait s'échapper à lui-même en alléguant qu'il a rompu des liens qui enchaînaient sa raison et la vérité, l'excuse serait pauvre, elle serait misérable. En effet, qui donc, si ce n'est lui, l'aurait chargé de cette chaîne qui bouclait quelque chose de plus précieux et de plus cher que sa raison ? Permettez-moi de m'arrêter à cette préface des Apôtres. Vous n'en serez point fâchés, et je m'assure que M. Renan en sera ravi. La deuxième partie en est vraiment cu rieuse. M. Renan l'a remplie de son apologie qu'on ne lui demandait pas ; mais la conscience a de ces moments où elle fait !a grosse voix et crie à l'orgueil : silence! La pièce vaut la peine d'être étudiée avec soin ; l'auteur y a comp té, et je suppose qu'il saurait fort mauvais gré à son lec teur, auquel il dévoile ses intentions avant de lui livrer ses idées, si celui-ci, sautant une douzaine de feuillets, allait droit aux unes en dédaignant de s'éclairer des autres. M. Renan plaide dans la même cause l'innocence de deux prévenus : son esprit et son cœur. Son esprit a des...