Extrait du journal

Madrid, 21 février 1873. •Il s'est produit dans les esprits un grand revirement depuis quarante-huit heures. Les classes conservatrices qui, confiantes dans le calme des premiers jours, avaient cru pouvoir compter sur de longs délais pour s'organiser, paraissent aujourd'hui revenues de; cette erreur. Elles sont maintenant do minées par un sentiment général de panique que justifient bien d'ailleurs les nouvelles' que je puis aujourd'hui vous transmettre. Je no les ai point livrées au télégraphe, sûr qu'elles se seraient arrêtées en route. • On croit savoir, dans les Cercles bien in formés, et croyez-le bien, ce ne sont point là des. racontars prenant leur source dans l'appréhension de tous, ce sont des nouvelles basées sur des indices qui ne trompent pas et que M. de Bouillé aura probablement fait connaître déjà au gouvernement français; on croit savoir, dis-je, que les socialistes fé déraux des villes de Madrid, Cordoue, Séville et Barcelone ont reçu le mot d'ordre de profiter des fêtes du carnaval pour préparer, en fraternisant avec l'armée, les désordres qui devront éclater dans une huitaine de jours. A ce sujet, je vous dois une rectifi cation! J'ai bien fait de vous écrire hier que je n'avais pas vu Cluseret. Il a de bonne raisons pour être invisible n'étant pas à Madrid. Le bruit de son arrivée»* qui avait fort ému le gouvernement ; et l'ambassade de France s'était répandu à l'hôtel de Paris; à la suite d'une observation faite par M. Farlus, correspondant du Daily News. «Voyez ce voyageur, s'est-il écrié à table d'hôte, en s'adressant à un Français,:,son voisin, c'est tout à fait Cluseret. » Il n'en fallut pas plus pour mettre sans dessus dessous la police de...