Extrait du journal

Il y a toujours un homme de bien qui se dévoue à cette tâche; C'est presque constamment le même, parce qu'il s'y habitue et finit par s'y plaire. C'était autrefois M.de Champagny; M.Maxime Du Camp lui avait succédé ; deux hommes aussi différents que possible par leur origine, leurs opinions, le genre de leur esprit, le monde qu'ils fréquentaient, semblables seulement par leur dévouement au bien et aujt pauvres. Maxime Du Camp lisait jusqu'à la dernière ligne les dossiers souvent illisibles et inintelligibles ; il les résumait avec autant de soin que si sa vie en avait dépendu ; il les comparait, il les classait, et quand, après plusieurs tentatives, il avait enfin arrêté sa liste , il convoquait de nouveau la Commission pour lui communiquer les résultats de son travail. Chaque membre présentait ses réflexions et ses objections; on se faisait remettre les dossiers douteux; on les emportait pour les étudier chez soi à tête reposée. Puis c'étaient de longs colloques avec le rapporteur. La Commission tout entière tenait de nouvelles séances. Et que croyez-vous qu'il sortît de tant de travail? Tout simplement une liste de propositions à soumettre à l'Académie. L'Académie en corps reprenait l'oeuvre de sa Commission ; on discutait de nouveau, cette fois en séance plénière, et l'opération se terminait enfin, après un mois ou deux, par un vote général. Gela se passait ainsi du temps de Du Camp et de Champagny, et cela se passera de même avec leur successeur, qui n'est pas encore choisi; car, à l'Académie, les hommes passent, mais les usages sont immuables....