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Le Figaro, 30 novembre 1862

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Le Figaro
30 novembre 1862


Extrait du journal

Le petit journal compte, dans une société qui ne pense que par ses journaux, des ennemis irréconciliable^. Il suffit de son ombre dessinée sur leur porte cochère pour lès mettre en fureur ; c'est pour eux le bouc émissaire de la Presse, et ils le chargent de tous les péchés- d'Israël. Se croient-ils obligés de prononcer son nom?.chaque,syllabe, grossie outre mesure et roulant entre*leurs lèvres dédaigneuses, prend les proportions" de la bête de Gévaudan s'échappant de son «fatre. Ils ameutent contre lui les mœurs, si les lois sont insuffisantes, les préjugés si les moeurs sont indulgentes ; ils demandent à grands cris, pour le pulvériser, des foudres à Dieu et aux hommes : qu'on lui impose silence ! qu'on le bâillonne! qu'on le musèle ! qu'on l'exécute sans •phrases 1 Ainsi le veut la liberté des gens de bien. — Il faut pourtant le dire : ces moralistes si sincèrement indi gnés, si étrangement prévenus, — et derrière lesquels marche la cohue intéressée des fripons que la lumièredénonce, la foule moutonnière des badauds que l'esprit effarouche, — n'ont ja mais lu ni parcouru de petit journal. Ils s'en vanteront même si vous les pressez un peu sur ce point. Eux, jeter les yeux sur le petit journal ? Allons donc ! et pour qui les prenez-vous ?. Le déclarer infâme sur des ouï-dire, à la bonne heure! le pros crire afin de hurler moralement avec les loups, c'est une affaire de poumons, et ils sont en souffle ! Affirmer que les sifflements de là feuille légère peuvent faire vaciller la société sur son axe,: c'est uine vieille ritournelle sans doute; mais leur puritanisme a beau jeu de tourner la maniyelle devant un auditoire de sots empressés de faire "chorus ! Ne leur riez pas au nez lorsqu'ils peignent avec de vives couleurs la société (une société de dixneùf siècles !) mise en péril par une épigramme née le matin pour mourir le soir; car, en vérité, c'est leur argument le plus fort, — bien .qu'il rappelle la fable indienne dans laquelle le chêne se plaint à Jupiter d'être ébranlé chaque jour par les oi seaux jaseurs qui se jouent entre ses branches robustes....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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Données de classification
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