Extrait du journal

souffle? Quelle chose peut, en France, être plus puissante que l'instinct de pitié et de devoir? Il n'y a qu'un règlement. Et en ces matières aussi le règlement existe. 11 inter dit aux internes, qui pourtant ne sont pas des apprentis, de pratiquer toute opération avant que leur chef n'ait prononcé. Si de longues heures séparent la venue, de ce cher maître du moment urgent, si le cher maître;vient en retard, ou même ne vient pas, tant pis ! le règlement est assouvi, et il n'y a là, gisant, à tout prendre, qu'un être humain. A l'heure où.sont menacées les brode ries de M. Cjrozier, je ne peux résister à noter la singularité poignante de ces beautés de protocole appliquées à la mi sère et à la douleur. Le budget des œuvres d'assistance est énorme, s'il paraît lamen tablement petit dès qu'on le compare à celui des canons : mais avant tout il s'agit de souffrir et de mourir administrativement. Nous sommes à juste titre très fiers de nos bâtiments de charité, de notre science et de nos dévouements.: mais un détail de forme ou de bureaux peut suffire à stériliser tout. Parce qu'il existe une prescription ancienne qui remet tranquil lement au lendemain le péril immédiat, suppose la mort assez déférente envers la Faculté pour attendre, et en plein hôpital contient comme une véritable négation de l'hôpital, toutes les indications nouvelles et les efforts entrepris risquent d'éçhouer. Parce qu'il faut, au préalable, établir le dossier des désespérés qui demandent à l'Assistance un secours urgent, parfois c'est comme si dans ce grand Paris l'Assis tance n'existait point. Tout cela voudrait être réformé, rendu conforme à la vie, au plus vite. Mais c'est sans doute là de l'im possible chez un peuple qui allie de la plus curieuse façon le goût des révolutions au respect des routines. Alexandre Hepp....