Extrait du journal

Dire qu'entre le Chinois et le Japonais son cœur balance serait prêter à la Corée des pal pitations bien vives, et, partant, mal connaître cette personne qui, depuis qu'elle existe, violée à tour de rôle par, ses deux voisins, voudrait bien qu'on la laissât tranquille cultiver son froment, son riz, son millet, vêtue de sa robe bleu-pâle ou vert-pâle — couleur de l'eau du Nil. , : ' . Et cé.désîr d'isolement qùi l'a fait baptiser la nation ermite, elle lé manifeste jusque dans son existence privée^ ■_*. C'est ainsi que les_ rues, d'un grand nom bre de ses villes, pareilles à de longs cou loirs à ciel ouvert, sont bordées de chaque côté de palissades en pisé et en bambou hautes de dix mètres, derrière lesquelles les habitations, séparées les unes des autres par de semblables clôtures, vivent à l'abri de tous les regards. Pour la même raison,sans doute, les femmes ne sortent que la nuit : afin que l'on ne leur voie pas le visage. ' Ce degré de misanthropie s'explique ais„ -ïient en présence de voisins aussi entreprenantL'un d'eux, le Chinois, n'a-t-il pas eu la toquade — et il n'y a,ma foi, pas si longtemps—de vouloir lui faire couper ses. chevaux au ras de la tête ? Pour baroque que fût cette idée, elle n'en a pas moins causé une guerre désastreuse pour les Coréens qui préféreraient mourir que de sacrifier leurs cheveux — qu'ils ont précisé ment la coutume de porter très longs. Finale ment cet avantage leur est resté. N'importe! il est dans sa destinée, pauvre Corée, d'être rasée l Se* moyens d'existence — des plus honora bles d'ailleurs — lui permettraient cependant de vivre absolument indépendante. C'est d'abord et par ordre : le grinseng, une plante médicinale pleine de vertus, qui abonde en Corée et dont le Chinois fait une ample...