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Le Figaro, 17 février 1934

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Le Figaro
17 février 1934


Extrait du journal

La grève des taxis a. profondément modi fié les habitudes. Et il est probable que cet effet survivra même à la grève. Maintenant, ceux .qui, dans, la hâte de la vie moderne, accomplissaient presque machinalement le geste d'appeler un chauffeur, ont dû appren dre là géographie des métros et des autobus. Et, dans la conversation, on parle de l'A. T., du B. O. ; on cite des stations de correspon dance, on discute sur les avantages de tels où tels itinéraires. . ' La journée d'une Parisienne n'est plus la même. Elle donne lieu à de savantes combi naisons. Et des marchands se trouvent parfois singulièrement favorisés. N'a-t-on pas remar qué, juste à la sortie du métro, à un discret étalage, ces gants ou cette lingerie ? Celle qui a fait, un jour, cette découverte, en donne l'adresse à ses amies, à toutes celles qui ha bitent, au moins, sur la même ligne. Tout à coup, il peut devenir élégant, chic, de se fournir là. On y est en fort bonne compagnie et quelques femmes ont même plaisir à citer les noms de celles qui leur ont indiqué ce magasin. . : Deux amies se demandent, par téléphone, à quel thé elles pourront se rencontrer. Il y a celle qui vient de la ligne Champerret et celle qui vient de la ligne Maillot. Ou bien l'une explique qu'elle descendra d'abord par l'AB qui la conduit chez sa couturière. Enfin, elles se sont mises d'accord; Le thé choisi est un petit thé modeste, généralement presque dé sert. Surprise ! elles ont peine à' trouver une table. Et comme elles s'étonnent, la dame du comptoir répond : « Que voulez-vous ! nous sommes à la jonction de trois lignes de mé tro.» Enfin, bien des femmes finissent par ap prendre que le métro est rapide et qu'il y a quelque distraction dans le voyage en . auto bus. De l'autobus, en effet, on regarde le mouvement .de la rue, ce qu'on ne fait pas d'un taxi où la préoccupation d'un croisement, la crainte d'un embouteillage absorbent la pensée. En autobus, c'est, un peu, du voyage. On reconnaît bientôt ceux ou celles qui pren nent toujours la même ligne aux mêmes heu res. Voici des jeunes filles qui sortent d'un cours ou s'y rendent. Voici des employés, des demoiselles de magasin. Quelque gaîté règne parfois. On remarque aussi des Couples de provinciaux. ' Et quelle économie, à la fin de la jour née ! De jeunes femmes en sont toutes fières, s'en vantent bien haut, surtout devant leurs maris. Il est vrai que, parfois, elles étaient si contentes d'avoir fait ces économies nou velles, qu'elles ont cédé à une tentation. C'était surtout, à la descente de l'autobus... Georges de Lauris....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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