Extrait du journal

Lorsqu’on ouvrit le testament de la baronne Vau Acker, une millionnaire hollandaise qui étonnait Paris par ses excentricités, l’étqnuement lut grand d’apprendre qu’elle laissait sa fortune entière au comte de B..., un jeune lieutenant de dragons en garnison à l’École militaire. Depuis quinze ans la baronne habitait, à Paris, dans un magnifique hôtel qu’elle avait fait construire non loin de l’Arc de triomphe. D'humeur un peu légère, bien qu’âgée de quarante ans environ, on lui avait connu de nombreux amants; mais, par une singulière et inconcevable prédilection pour l’armée fran çaise, tous étaient officiers au moment de leur liaison. Un hasard heureux rendait, contre toute attente, le dernier en titre héritier d’une for tune princière; mais la baronne avait pris soin d’expliquer par une confession, écrite de sa main et annexée à son testament, une décision aussi étrange. Voici celte confession, qui fut communiquée au comte de B... par le notaire, après le décès prématuré de Mme Van Acker, morte subite ment par suite d’une rupture d’anévrisme : * • • « Je n’ai pas d’enfants. 11 ne me reste plus de parents. Je ne fais de tort à personne en dis posant de ma fortune à mon gré. J’en use pour remplir un devoir que je considère comme sacré. o J’ai aimé dans .ma vie un seul homme, un Français. Cet homme est mort pour moi. Je lègue tout ce que je possède à celui qui m'aura le mieux rappelé l'être chéri que j’ai perdu. « Ce m’est, en outre, une consolation de tout...