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Le Fin de siècle, 16 février 1908

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Le Fin de siècle
16 février 1908


Extrait du journal

cher de fiacre, si j’avais le. fantaisie de boire de l’absinthe ou de te rembarrer, quand tu me fais les yeux blancs...? Je ferais chambre à part ; mais je ne divorcerais point. Et ma dot n’est pour rien, dans tes idées orthodoxes? Mon mari haussa les épaules, prit sa chemise de nuit et se glissa dans les draps où je l’attendais. Ce soir-là, nous n’enquêtames pas plus avant. Le lendemain (c’était hier) à cinq heu res, mon amant réintégrait son cale çon, dans la garçonnière où nous avons l’habitude de nous rencontrer... Désin volte, j’interrogeai : Qu’est-ce que tu penses du divorce? Tu le sais bien. Le mariage, si on en respectait les lois intransigeantes, se rait un restant de barbarie. Je n’ai ja mais compris comment toi, u ru femme intelligente, tu restes liée à un mari que tu ne peux pas aimer, puisque tu m’ai mes. — Et si je le quittais... Je suis prêt à t’épouser. Même avec ma dot?... Mon amant beu tonnait son col... 1! parut menacé d’étranglement. Je n’insistai point. Après ces deux entretiens, j’estimai que je n’avais pas encore suffisamment réfléchi et je m’en fus, ce matin, vers neuf heures, à l’église de la Madeleine, où j’étais sûre de rencontrer un vieux prêtre qui m’a fait faire ma première communion et qui est encore mon con fesseur extraordinaire. Il prenait une prise dans la tabatière du bedeau, quand j’arrivai à la sacristie. Dès qu’il m’aperçut, il me tendit la main ; mais heureusement pas celle qu’il avait por tée à son nez. Pressée de recueillir son précieux avis, je l’entraînai dans un coin et là : Mon père, je crois bien que je vais divorcer! Malheureuse enfant, que me ditesvous là ? Malheureuse, en effet... Car n on mari manque envers moi aux plus élé-1 méritai res de ses devoirs... ... conjugaux? Entre autres... Il est d’une froi deur! Et vous vous en plaignez !... Plus l’une voudrait être à votre place! Cela dépend des tempéraments... Moi, je ne saurais me contenter de la portion congrue... Mors? Alors j’ai dû prendre un amant, un jeune homme plein d’ardeur... Ch bien! Je ne vois pas dans ceci ce qui vous afflige, ce qui peut vous in citer au scandale d’un divorce... Oh! mon père, y songez-vous?... Et le péché d’adultère?... Ma conscience ne saurait être en repos, tant que je n’au rai pas loyalement quitté mon mari pour épouser mon amant! Ouais!... Vous ne serez point sa femme depuis un mois que vous vous fatiguerez de ses assiduités, de ses exiga nces amoureuses, vous aspirerez à

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

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