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Le Fin de siècle, 26 septembre 1897

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Le Fin de siècle
26 septembre 1897


Extrait du journal

qui est désirable, faire des vœux l’un pour l’autre, s’efforcer l’un et l'autre d’atteindre le vrai bonheur, c’est assu rément le seul moyen de goûter les ivresses suaves de la passion. Quoi qu’en dise celui qui, ne respec tant pas ses serments d’amour, ne veut pas attacher d’importance au crime d’infidélité, il commet une vilaine action. En effet, son seul bonheur, son bonheur personnel, n’est pas unique ment exposé; il risque de compromettre le bonheur de l’être qui a mis en lui sa confiance et ses espérances. Oh ! tuer le bonheur, c’est pire que de tuer l’être même ! Croyez-moi, vous qui avez maîtresse jolie, vous qui possédez dans votre mai son le bonheur, gardez-vous de ne point assez les ménager. Réservez pour votre camarade de vie toutes les dou ceurs de vos bontés, toutes les luxures de vos désirs, toutes les chères ardeurs de votre amour. Dites-vous bien que nulle part vous ne sauriez trouver mieux, — fût-ce dans la comédie d’une femme plus belle — que ce que vous pourrez cueillir dans les bras de l’aimée. Je m’adresse plutôt à vous, amants, — car vos maîtresses, souvent, ne vous trompent que lorsque vous les avez déjà trompées, — lorsque vous avez la chance d’avoir pour maîtresse ou pour femme une ciéature honnête, belle, bonne, qui vous aime et que vous aimez, n’allez pas chercher ailleurs ces fragiles et passagères jouissances de l’adultère sans amour : vous avez l’amour chez vous. Si vous saviez comme on est heureux de pouvoir se dire qu’on n’a point menti à celle qu’on aime ; si vous saviez comme c’est bon, comme on est fier de penser ; J’ai une femme, je l’aime, je n’ai jamais rencontré une autre femme capable de m’éloigner de celle-là. Ah! aimer une femme qui mérite qu’on ne la trompe jamais, c’est infini ment plus beau que de pouvoir se van ter d’avoir couché avec toutes les grues publiques qui sont, plus ou moins, à la merci du premier acheteur. N’allez pas dire : Je trompe ma maî tresse, mais je lui garde tout mon amour, tout mon cœur; il n’y a que ma chair, la brute, qui trompe. Il faut être fidèle dans lachaircomme dans le cœur. Quand la chair est faible, c’est que le cœur est déjà moins fort, c’est que l’amour déjà commence à mourir. Il n’y a pas de bonheur constant, en amour, s’il n’y a pas fidélité absolue. Et puis, je crois qu’on doit un peu se mépriser soi-même, lorsqu’on en est arrivé à savoir mentir assez bien pour qu’on ne s’aperçoive pas qu’on a menti. Je vous assure, l’habileté dans le men songe, quel que soit le motif, c’est aussi peu flatteur que possible. A ce sujet, je me rappelle un mot d'un ami ; — Non, non, non, je ne mentirai plus à... Jane ; je deviens si bon men teur, mes mensonges réussissent si bien, que ça me dégoûte. Victorien du SAUSSAY....

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

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