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Le Français, 2 juin 1876

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Le Français
2 juin 1876


Extrait du journal

avons vécu a jeté les populations de certaines parties de la France, le gouver nement ne peut se dessaisir de ce droit, sans faillir gravement à son devoir. » La distinction faite entre les maires des chefs-lieux de canton et ceux des autres communes est-elle facile à justi fier? Les raisons qu’en donne le gou vernement sont-elles décisives et sans réplique ? Il n’y a d’argument spécial aux maires de canton que celui qu’on tire de leurs fonctions auprès des tribunaux de simple police. Les autres s’applique raient avec non moins de force aux maires des petites communes. Ce que l’on abandonne sur ceux-ci rendra diffi cile de soutenir ce que l’on veut conser ver sur ceux-là. Les critiques ne man queront pas de s’élever contre la posi tion nouvelle qu’on veut faire aux mai res de canton ; c’est un changement considérable qu’on propose d’introduire dans notre droit administratif. Les arguments produits de part et d’autre auront peu d’importance. La rai son politique dominera tout. Quelle part veut-on laisser à l’autorité ? Celle que lui fait le projet du gouvernement parait insuffisante aux uns ; déjà les autres ont averti qu’ils la tenaient pour excessive. Que fera le gouvernement ? Maintiendra-t-il, malgré ces difficultés qu’il a dû prévoir, ses propres propo sitions, comme semblent l’y engager irrévocablement les fortes expressions dont il s’est servi ? ou cédera-t-il devant la résistance de la gauche, comme sem blent l’y incliner les dispositions ma nifestées en plusieurs circonstances, comme le bruit en est déjà répandu ? Sera-ce lui qui, au contraire, travaillera et parviendra même à produire un changement salutaire dans les idées et dans les résolutions de la gauche, en la persuadant ou en la dominant ? Il nous est permis de poser ces questions; ce n’est pas à nous qu’il est possible d’y répondre. Qu’ont, de leur côté, à faire les con servateurs ? Ils doivent défendre leurs principes ; ils doivent chercher à sauver ce qui peut être sauvé. Nous ne voudrions pas les voir abandonner trop facilement la défense des principes. Il ne faut pas se hâter de sacrifier ce que l’on croit conforme à Vintérêt du pays. Une défaite n’est ja mais plus sûre que quand on l’accepte à l’avance. Quel que soit le sort de la lutte, elle leur aura toujours fourni l’oc casion de justifier leur passé, si souvent et si grossièrement calomnié. La belle et utile chose pour un parti que de se taire comme s’il avait fait le mal, quand c’est le bien qu’il a voulu faire et qu’il a fait! Enfin, si l’on ne peut empêcher de méconnaître les vrais principes, il faut empêcher de les oublier. Le der nier service qu’on rende à un pays qui s’égare, c’est de lui répéter qu’il y a un bon chemin où l’on espère le voir rentrer un jour. Pourquoi les principes conservateurs ne seraient-ils pas défen dus aujourd’hui comme l’ont été, quand il l’a fallu, les principes libéraux. Mais, si les conservateurs ne par viennent pas à faire triompher leurs propres principes, sans cesser de les croire bons et de penser que l’avenir leur réserve un meilleur accueil, ils n’ont qu’à aider ceux qui tâcheront sin cèrement d’en sauver quelque chose. Qu’ils ne refusent pas leur appui, pour vu qu’ils trouvent des hommes et des idées à appuyer....

À propos

Lancé en 1868, Le Français était un quotidien à la fois catholique et libéral. Tirant à seulement 4 000 exemplaires, son lectorat est toutefois toujours resté très limité. Absorbé par Le Moniteur universel en 1887, le directeur du Français publie néanmoins quelques numéros en indépendant jusqu'en 1898, afin de conserver la propriété du titre.

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