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Le Gaulois, 5 février 1912

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Le Gaulois
5 février 1912


Extrait du journal

La presse allemande regarde d'un œil mauvais et commente avec humeur la visite de la Réputation anglaise à Saint-Pétersbourg. Cette (visite n'a cependant rien d'insolite ce n'est Qu'une politesse rendue. Il y a quatre ans, une députation de la Douma était venue apporter à Londres les compliments et les sympathies de la Russie. Cette initiative était plutôt une nouveauté, car les Anglais et les Russes ne s'étaient guère rencontrés que*pour se combattre. Mais les temps étaient changés les intérêts s'étaient déplacés, et les sentiments avaient suivi ce mouvement de conversion. Le roi Edouard VU, qui vivait encore à ce moment, avait compris Que le rapprochement de la Russie et de l'An-, gleterre était une nécessité de défense comjnune contre le, débordement du pangermanisme la visite de la. députation russe était la Consécration de ces nouveaux rapports. Les Anglais ont mis quatre ans à' rendre leur politesse aux Russes. C'est manquer peut-être un peu d'empressement. Mais il faut tenir tcompte des épreuves par lesquelles ils viennent Me passer la mort du roi Edouard, le renoutellement de la Chambre, la guerre contre la Chambre des lords, la dissolution des Commumeset les élections nouvelles. L'Angleterre, qui lut, pendant des siècles, le peuple le mieux équilibré du monde, connaît à son tour les prodromes des révolutions. Son ministère radical lui donne la fièvre, au lieu de «la rassurer, et des couches profondes du morfde du travail montent des revendications et dis menaces qui mettent en péril la paix sociale. L'ancienne Angleterre Old England ignorait généralement ce genre de soucis. Sa politique était tout extérieure elle surveillait d'un œil impérieux et jaloux la vie des autres nations, sans sentir le besoin de se replier sur elle. Cette quiétude hautaine a disparu. Elle connaît Comme nous les conflits sociaux, les coalitions ouvrières et les grèves. Elle s'en inquiète à bon droit, mais sans se désintéresser de sa condition extérieure. La visite de la députation anglaise correspond à ce souci. Comme elle n'a rien d'officiel, il est difficile d'en tirer des conséquences certaines. Les journaux russes lui font un accueil chaleureux et cordial, et quelques-uns, emportés par leur contentement, expriment le vœu que le rapprochement anglo-russe soit scellé par une alliance en forme. La presse allemande sourit de cette lintempéranee et prétend que la diplomatie crusse n'obéira jamais à de pareils conseils. Mais elle n'en constate pas moins, avec un étonnement mêlé d'effroi, la sincérité et la puissance de ce mouvement. La Gazette de Cologne, notamment, confesse que « l'opinion publique en Russie a subi une transformation \incroyable. et est très fortement prévenue en faveur de l'Angleterre ». Elle peut s'en inquiéter à bon droit mais elle a tort de s'en étonner. Cette évolution du sentiment populaire est une réaction logique et nécessaire contre le péril germanique. C'est un phénomène qu'on a vu se 'reproduire dans tous les pays et dans tous les jtempg, chaque fois qu'une nation, devenue trop puissante, a rompu l'équilibre des forces et meinacé la vie et la liberté des autres....

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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