Extrait du journal

elle restera vivante éternellement, parce que la vérité ne meurt pas. Telle est l'œuvre de Laënnec ! Il est venu et il a bouleversé de fond en com ble toutes les connaissances sur les ma ladies des poumons et en particulier sur la tuberculose. Seules la notion de sa nature contagieuse établie par Villemin —' et la découverte,.du bacille qui la détermine ont ajouté quelque chose à ce qu'il nous avait appris. Mais chaque chose vient en son temps et Laënnec a fait tout ce qu'il était possible de faire au temps où lui-même est venu. Sa vie fut malheureuse, troublée par sa mauvaise santé, agitee par des dis cussions avec certains de ces hommes qui semblent ne venir au monde que pour mettre obstacle à la vérité, avec Broussais surtout, dont il ne reste rien qu'un nom qui tôt ou tard tombera dans l'oubli, tandis que celui de Laënnec montera toujours plus haut dans la mé moire des hommes. Il ne connut que vers la fin les faci lités de la vie. Il ne fit qu'entrevoir, comme dans les brumes du soleil levant, les premiers rayons de la gloire 1 Puis il mourut, à quarante-cinq ans, dans la sérénité de ceux qui savent qu'ils ont bien travaillé pour la vérité ! : Cette tuberculose dont il avait été le plus rude adversaire s'acharna sur ce pauvre corps sans altérer ni l'ardeur de son âme ni la puissance de son génie ! 11 vint mourir près des lieux qui l'avaient vu naître au bord de la mer de Bretagne dont l'éternel murmure avait bercé les jours de sa jeunesse et la pierre qui le recouvra, taillée dans l'indestructible granit, porte un des plus grands noms qui aient jamais paru, parmi les noms, des hommes qui ont travaillé de toutes leurs forces au. soula gement de l'humanité douloureuse ! i Professeur J.-L. Paure, de l'Académie de médecine....