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Le Gaulois, 5 mai 1926

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Le Gaulois
5 mai 1926


Extrait du journal

Les Anglais, grands voyageurs, amateurs de beaux sites, sont nombreux à Dinard. Pourquoi les Français n'y sont-ils pas plus nombreux encore ? Est-il climat plus doux, paysage plus aimable? C'est en «vedette » sur les flots d'un vert profond, qu'on en comprend toute la beauté. C'est, face à Dinard, Saint-Malo qui apparaît fièrement campée sur son promontoire de granit que bat durement une mer furieuse dont il semble défier la rage impuissante. Saint-Malo, entourée de remparts, couronnée de tours, évo quant un passé de gloire, les luttes épiques, les abordages à un contre trois, le triomphe des fleurs de lis. C'est, sur son roc, la tombe orgueil leuse de Chateaubriand qui semble protéger la vieille ville comme Athena Parthenos protégeait Athènes couronnée de violettes. Ce sont, au large, des îlots innombrables se frangeant d'écume et dont les phares, quand vient le soir, jettent des étoiles à l'horizon. Du haut de ses rochers, Dinard, fleur délicate dans ce cadre de tragédie, regarde la mer ter rible se faire caressante sur le sable fin de ses plages. C'est à quoi, sans doute, pensait Mlle Sonia Pavlof, dont les yeux fixaient la splendide villa de M. Hennessy, quand un irrespectueux coup de vent emporta soudain son chapeau de peluche violette. La plume d'autruche dont il était garni ne résista pas une seconde à la mer bretonne, et ce fut un éclat de rire d'un bout à l'autre du bateau devant sa stupeur. Heureusement qu'on dînait sans chapeau, le soir, à l'excellent dîner de gala qu'offrait le casino. Je dis excellent, car il mit en verve la troupe parisienne du train fleuri, qui donna incon tinent une représentation peu banale au théâtre du casino, non sans avoir auparavant applaudi avec chaleur le discours très spirituel du maire, M. Thorel. Mais tout finit en ce monde. Un moment vient où les trains les plus fleuris reprennent le che min de Paris. Par miracle, tout le monde se retrouva à la gare le lendemain matin, encore que quelques-uns y arrivèrent en smoking, ayant oublié de se coucher. Dinard regrettera sans doute ses hôtes d'un jour et leur franche gaieté; mais qu'importe ! ce train fleuri-là en ramènera beaucoup d'autres. C'est l'aboutissement logique du louable effort que les chemins de fer de l'Etat font désormais en faveiir de Dinard. Georges Drouilly...

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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