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Le Globe, 24 septembre 1825

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Le Globe
24 septembre 1825


Extrait du journal

rigueurs inpîtoyables du moyen fige, tandis que notre instruction criminelle reste empreinte de la tache originelle de la procédure de l’inquisition, pour bien des finies sen sibles tout condamné est une victime, tout supplice une barbarie ; le danger de l’impunité, l’horreur du crime, le droit de la justice, ne sont rien. Cette disposition qui annonce encore plus de mollesse que d’humanité, le législateur doit savoir la braver, s’il le faut. Nous avons vu, dans le précé dent article, sur quel fondement repose le pouvoir de punir; pouvoir formidable mais légitime, qu’on ne peut exagérer sans cruauté ni abdiquer sans faiblesse. Certes la part du malheur est déjà si grande en ce monde, que le législateur doit trembler de l’accroître, par crainte, erreur ou caprice; sa ir*m doit tomber plus d’une fois avant de tracer une peine sévère: mais enfin la pitié n’est point sa règle, et ce nVst pas dans le cœur, c’est dans la conscience, que son devoir est écrit. Ainsi osons oublier un moment 1 horreur d une execution capitale; détournons les yeux de ces funestes apprêts, de ce fer qui brille, de ce billot noir de sang, de cette tête li vide ; et considérons froidement si la peine de mort est utile, si elle est légitime. > . • La première question a été soigneusement traitée par M. Livingston; il a reproduit et fortifie les arguments de M. Bentham : nous ne pouvons mieux faire que de résumer ici son travail. ... , i°. Si l’une des destinations de la peine est de prévenir la récidive, il est d’une évidence puérile que la peine de mort y réussit. Mais à l’efficacité sur le délinquant, unit elle la force de l’exemple? Il semble difficile de le contester. Remarquez cependant que la mort est d’ordinaire réservée aux -rrand crimes : si elle atteint plus de cent délits différents en Angleterre , aux États-Unis on la restreint généralement à la trahison , au meurtre, au viol; quelques uns y joignent l’incendie et la fausse monnaie. Puisqu’on veut bien l’épar gner aux délits moindres, c’est qu’apparemment on ne la croit pas propre à les réprimer : pense-t-on qu’elle soit plus efficace contre les grands crimes, toujours déterminés par une tentation plus puissante, par une passion plus vive? La privation du prix cherché par de tels attentats ne serobler .it-elle pas la peine la miepx appropriée ? Ainsi le meur trier par cupidité serait convenablement puni par la pau vreté et le dénuement de la vie des prisons ; le traître par ambition trouverait son supplice dans la nécessité de vivre enfermé et confondu avec le rebut de la société. a\ La peine de mort remplace sans distinction les châti ments adaptés au crime : elle suppose donc inutile ou im posable la réforme morale des grands criminels. C’est ce pendant parmi ceux-ci que les circonstances personnelles,...

À propos

Fondé en 1824 par Pierre Leroux (1797-1871) et Paul-François Dubois (1793-1874), Le Globe a traversé plusieurs phases très distinctes : de publication strictement littéraire, la rédaction – regroupant plusieurs universitaires – s’est peu à peu intéressé à la politique et à l’économie, via le saint-simonisme.

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