Extrait du journal

Au nom de la sainte et profonde amitié qui noua lie l'un à l’autre, Urbain m’a fait promettre, sous la foi du serment, de re chercher et de démasquer cet homme. Or, le hasard, le hasard seul m’a servi : je con nais aujourd’hui l’auteur de ces lettres et je l’ai vu face à face. — Ecoutez-moi bien, Sabine. Si ce môme hasard, qui m’a aidé après coup, m’avait, à l’insu d Urbain, tou jours ignorant et abusé, dévoilé ce secret, je l’aurais gardé pour moi seul. Je n’aurais pas détruit l’illusion d Urbain, parce qu’en dissipant sa confiance en vous, j’aurais anéanti son bonheur. Peut-être vous eussé-je donné à vous, Sabine, un avertissement discret, à défaut d’un conseil. En tout cas, soyez-en sûre, quelle que soit sur ce point l’opinion des moralistes doctrinaires, je ne me serais jamais fait le délateur de votre infidélité, j’aurais plaint Urbain de tout mon cœur, mais je me serai* refusé à empoi sonner sa vie ! Adossée au piano, un rictus sardonique plissant sa bouche, la jeune femme, les paupières baissées, écoutait maintenant, immobile et silencieuse. — Aujourd’hui, poursuivit Philippe, la question est nettement posée. Mon devoir de galant homme me dicte ma conduite....