Extrait du journal

des services d'entretien de la prison, dont je parlerai plus loin, ou de très petites peines.) C’est pour cela que le « grand privilège » est d’être gardées pair des religieuses. En arrivant je fus numérotée et tout de suite en contact avec les murs grisâtres et suintant, les planchers et les carrelages défoncés, les lits très durs de bois ou de ferraille, raccommodés avec des ficelles et des paillasses sales, le froid intense et humide l’hiver, les barreaux, les genoux, et la perspective de tourner en rond dans la Roquette, avec pour centre les passerelles aboutissant aux parloirs ayant dessous la cuisine puant la soupe aux choux, la graisse immonde, la souris et les crottes de chiens, et, au-dessus, la chapelle en escalier, sinistre, avec ses rangées de « bonnes » sœurs nous surplombant sur une passerelle pour « veiller », et la statue de Jeanne d’Arc pudiquement voilée d’une jupe, le port du pantalon étant rigoureusement interdit. Enfin mon corps a eu d’abord à se plaindre du froid et du manque total d'hygiène. Je pensais à la faim de celles qui, n’ayant ni argent, ni colis, devaient manger la gamelle du réfectoire où l’on...