Extrait du journal

Jamais, d’ailleurs, nous n’acquis donné pleinement notre adhésion aux défilés dans le « calme et la dignité », même alors que les participants avaient au cœur une solide volonté de lutte. S. Faure, déjà, avait dans une lettre aux militants du Havre, à la fin du siècle dernier, mis l'accent sur l’avilissement des manifestations ouvrières trop bien orchestrées, à jour rixe et sans contenu révolutionnaire réel. Vue prophétique : les classes ouvrières, domestiquées ou avilies par le paternalisme privé ou d Etat, n ont eu que trop tendance à accepter le régime de la facilité, du V niai officiel et sans danger. Et pourtant, en cette fin du XIX' siècle, il y avait une revendication à caractère plus révolutionnaire que réformiste, parce qu’elle mettait en cause le pouvoir du patronat et son droit absolu de profit: c’était la lutte pour la journée de 8 heures. Et si déjà les martyrs de Chicago semblaient s’éloigner vers l’oubli, il y avait encore une ferveur, une âpreté dans la lutte qui dressait le peuple ouvriers contre ses maîtres. Il est vrai que ceux-ci n’avaient pas encore trouvé l’astuce qui consiste à se faire passer pour les amis de ceux qu’ils oppriment, et de ce fait il est plus difficile auaujourd'hui de reconnaître le bureaucrate profiteur dans le chef stalinien ou réformiste, qu’il n’était difficile de haïr le patron réactionnaire et son Etat-gendarme....