Extrait du journal

Il serait excessif de dire que la situation comporte des dangers redoutables; mais il serait absurde de nier sa gravité. La France a passé, jusqu'ici, pour le pays du sens commun. En dehors même de tout esprit de parti, un pays dans lequel on trouverait naturel que les gens puissent impunément essayer d'entrainer des' régiments à une attaque à main armée contre le chef de l'Etat, et se faire acquitter (grâce au concours de la magistrature), après avoir annoncé qu'ils étaient prêts à recommencer; que l'insulte au président devienne une habitude, soit encouragée en cour d'assises, et finisse par aller jusqu'à la honte et au scandale des coups de canne; que des officiers en uniforme, très peu nombreux, mais très protégés, outragent nos institutions et le président, en public, et que des généraux, chefs de corps, dans des proclamations officielles, s'associent à ces manifestations en termes assurém'ent fort prudents, mais très clairs; un pays, dis-je, qui trouverait ces énormités naturelles, serait atteint d'aliénation mentale. Ou il est d'accord avec les insulteurs, et alors il peut et il doit se débarrasser de suite du pouvoir qu'il méprise (mais les élections faites il y a à peine plus d'un an, et celles qui se produisent tous les jours écartent cette hypothèse) ou il n'est pas d'accord avec eux, et alors ils doivent être réprimés de façon à ne pas être tentés de recommencer.; Mais aucune nation ne peut accepter sa mise en dehors des conditions de tout état de choses régulier....