Extrait du journal

& fête des nations alliées S'il est encore quelques Français hypocondres qui doutent de l'avenir de leur nation et peuvent s'imaginer que les immenses sacrifices du pays demeureront inféconds, qu'ils considèrent la signification que le monde entier hormis, bien entendu, l'Austro-Allemagne attache à-cette fête du i4 Juillet .1916. On dirait que l'immense frémissement d'espoir que la double offensive d'Orient et d'Occident a éveillé dans tous tes cœurs cherche à s'exprimer avec le plus d'éclat possible d l'occasion de la grande fête française. Des troupes alliées participent à la revue. A Londres à Rome, à Petrog-rad, d'imposantes cérémonies officielles ont été organisées. Mais ce qu'il y a de plus intéressant, ce ne sont pas ces témoignages de courtoisie des gouvernements, c'est la part que la population même des pays alliés, voire des pays neutres, prend à ces manifestations. On dirait que tous les peuples de l'Entente, cherchant une occasion d'exprimer leurs espérances et leur haine, leurs déterminations set leur idéal commun, ont choisi spontanément cette date qui, décidément, n'est pas émouvante pour les seuls Français. On dirait qu'en célébrant le i4 Juillet ils veulent marquer que, ce qui les unit, ce sont quelques grandes idées très simples que la France a jetées dans le monde et auxquelles elle continue à se sacrifier, formules populaires, formules universelles id'un idéal de .justice et de liberfé. On l'a dit bien des fois, mais i1 n'estpas inutile de le répéter cette guerre Et pris de telles proportions qu'elle n'est pas un conflit d'Etats, un conflit d'intérêts, mais bien le conflit de deux civilisations, de deux conceptions de la vie, ou, plus exactement, le conflit de la civilisation progressive, de la civilisation humaine, et d'une sorte de barbarie organisée qui sacrifie l'homme à je ne. sais quelle conception abstraite de la puissance, conception qui se traduit en réalité par l'intérêt très positif d'une caste allemande. Il n'est pas un soldat, pas un citoyen, si humble soit-il, dans les pays de l'Entente, qui ne sente tout cela confusément. Ils se battent a'abord pour leur foyer, pour leur pays, c'est entendu, mais aussi pour quelque chose de plus vague et de très noble qui dépasse les frontières de leur pays. Mais! comment donner à ce sentiment la force agissante d'une formule ? Voici qu'ils l'ont trouvé d'instinct' c'est en célébrant d'un coeur unanime la grande fête française, qui est aussi la fête des peuples libres....