Extrait du journal

Les choses étant ainsi, il semblerait qu'il n'y ait qu'à conjuguer l'intérêt de l'Etat avec l'intérêt du capitaliste et que les titres nominatifs devraient se multiplier. Or, il n'en est rien. Pourquoi ? Parce que l'épargnant, qui détient une valeur mobilière et qui n'a pas la moindre intention de frauder le fisc, entend pouvoir se défaire de sa valeur, quand il a besoin d'argent ou quand ça lui convient. Ce n'est pas pour lui une pièce de musée c'est un billet de banque qu'il veut pouvoir échanger selon ses nécessités et ses convenances. Avec le titre au porteur, aucune difficulté. Dans les quarante-huit heures, le vendeur a son argent. Avec le titre nominatif, c'est une autrejhisjtoire. et,, neuf fois sur «Six, le vendeur se héùrt'é à cet Himalaya, de paperasseries et de formalités où! la. France a mis son génie. '-Si l'on est marié; il faut produire son contrat de mariagé,qui va se promener de bureau en bureau. Même si l'on est célibataire, il faut vivre dans la crainte du moindre accroc et de la plus légère erreur. Malheur à celui qui a interverti l'ordre de ses prénoms! l Malheur aux Jules qui ont oublié de faire figurer 'l's à' la fin de leur appellation 1 Trois fois malheur aux Henry, dont la dernière lettre aura été orthographiée avec un i au lieu d'un y Force leur est alors d'aller chez le notaire, de faire dresser un acte, de requérir des témoins, d'obtenir dès rectifications. Les frais courent et, avec les frais, les mois pour un jambage de travers, il faut souvent six mois avant de pouvoir vendre un malheureux titre nominatif de quelques centaines de francs....