Extrait du journal

Les vieux médecins du temps jadis ont décrit les mêmes névroses que l'on observe de .nos jours et ils gémissaient aussi sur leur fréquence. Au -dix-huitième siècle, le célèbre professeur Pomme a écrit trois gros volumes sur « les s'apeurs et les affections vaporeuses des deux sexes, vulgairement appelées maux de nerfs », publiés en l'an VII. « L'énumération des symptômes, disaitil dans sa préface, est aussi vague qu'elle est étendue le Protée dans ses métamorphoses et le caméléon dans ses différentes couleurs n'expriment encore que faiblement leurs variétés et leurs bizarreries. » A la même époque, le grand ouvrage de Carré de Montgeron sur les convulsionnaires du cloître Saint-Médard décrivait des accidents hystériques auprès desquels ceux d'aujourd'hui semblent bien insignifiants. Faut-il rappeler les épidémies de possession du moyen âge et du dix-septième siècle, les processions dansantes de choréiques, les. voyants, les sorcières, les lbups-garous ? On réunirait bien vite dans 1es siècles passés une collection de névroses plus'riche encore que la nôtre. Nous serons moins surpris de cette fréquence des névroses à toutes les époques si nous avons une idée juste du caractère essentiel de ces maladies. II ne faut pas croire qu'une névrose soit uniquement une maladie imaginaire. une sottise quelconque que le malade «se met en tête ». Il ne faut pas voir uniquement dans la névrose '-agitation apparente des membres ou de l'esprit. Il faut chercher pourquoi ces personnes « se mettent en tête » des idées dangereuses, pourquoi elles sont- forcées de s'agiter dans le vide....