Extrait du journal

J'ai rarement vu homme aussi reposant que M. F: Roosevelt. Il a de beaux traits: encore jeunes, 11 a le sourire et il a du temps. Le voici qui parle tranquillement, les bras étendus sur le dos de son canapé, une haute lampe voilée derrière lui contre la fenêtre où le ciel achève de s'éteindre. Que racoiite-t-il ? C'était, je crois, pour accueillir ,le Français que je suis, une anecdote sur Clemenceau. Mais les boutades de ce dur lutteur s'amortissent dans l'atmosphère ,extraordinaire de charme, de charme presque créole que le conteur répand. Ce politicien eui lutte pour atteindre à la plus grande puissance du monde, cet homme qui vient de faire une dure campagne dans un dur pays, a l'air d'un- de ces élégants propriétaires du sud qui ont conservé l'art de l'hospitalité espagnole. Ou bien est-ce un héritage de l'aménité hollandaise ? Ou bien les deux ? Autour de lui. adossés au mur, devant un joli pastel de Mme Roosevelt, ou à la cheminée qui porte une petite caravelle de Colomb, ou encore, assis par terre et jusque sur les bras du canapé, les journalistes ont l'air d'attendre une histoire. Chacun, à son tour, pose des questions et les réponses viennent, gaies, d'apparence anodine; mais savamment réfléchies....