Extrait du journal

Depuis quelque temps nos publicistes, ne pouvant plus démontrer tous les matins que les plus grands hommes d’Etat au timon des affaires ne leur vont même pas à la cheville, se mettent à éreinter l’industrie et ses principales illustrations. A les entendre, plus de poésie, plus de grandes idées, plus rien de ce qui fait vivre la tète, de ce qui élève l’homme, de ce qui nous pousse vers la civilisation, mais seulement un prosaïque asphyxiant, une seule préoccupation, celle de nourrir, d’habiller et de transporter un être dans lequel on reconnaissait cependant autrefois une âme aux vastes aspirations. quant aux progrès de l’industrie, ils ne consistent guère qu’à faire autrement ou plus vile ce que l’on savait faire déjà, et, quant aux manufacturiers, ce ne sont guère que des spéculateurs qui, pour une fortune en perspective, se chargent de remplir une fonction sociale dont, tous comptes faits, l'importance n’est pas plus grande que celle de tout autre. Du reste, sous un tel régime, ce n’est qu’à la dégradation physique, intellectuelle et morale que nous pouvons arriver et vers laquelle nous marchons avec une rapidité effrayante. Telle est l’accusation, non pas surchargée, mais au contraire fort amoindrie, que chacun peut lire dans les journaux et les livres d’aujourd’hui....