Extrait du journal

Le président du Conseil et le ministre des affaires étrangères se sont trouvés d'accord pour affirmer que la France pacifique ne menace personne et que, notamment, elle sera heureuse d’entretenir avec 1"Allemagne de bonnes relations. Quand deux pays vivent en paix, sont voisins en Europe et se rencontrent dans le reste du monde, il est nécessaire que leurs relations soient bonnes. Car si elles ne l’étaient pas, on arriverait vite à la guerre. Depuis la conférence d'Algésiras, les rapports franco-allemands sont redevenus normaux. Ils l’étaient avant le voyage de Tanger. Ils ont cessé de l'être du 31 mars 1905 jusqu'au 8 avril 1900. Mais c'est le cas de dire : « A qui la faute? » L’Allemagne s’est jugée lésée après un an d'attente par des accords qu'elle avait acceptés sans protester. Et au lieu de nous faire connaître son mécontentement par la voie diplomatique, au lieu de nous présenter ses observations, au lieu même de répondre à l'offre de M. Delcassé d'abord, de RL Bouvier ensuite, de dissiper le malentendu s'il en existait un, elle a inauguré sans transition, sans avertissement préalable, une politique d'hostilité. C’est, on l'avouera, une singulière façon de pratiquer la correction et la bonne volonté. Riais cela dit pour le passé, nous ne demandons pas mieux que de voir dans le discours du prince de Bülow la promesse de la part du gouvernement impérial de renoncer à ces procédés brutaux, qui n’ont réussi d’ailleurs à rompre ni l'amitié franco-anglaise, ni l’amitié franco-italienne. Et nous envisageons avec plaisir l'apaisement qui en doit résulter. Nous sommes, comme toujours, prêts à y mettre du nôtre. Mais il faut pour cela que, du côté allemand, les actes répondent aux promesses....