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Le Petit Caporal, 27 septembre 1899

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Le Petit Caporal
27 septembre 1899


Extrait du journal

patrie ; pourquoi elle a désorganisé l'année; voilà pourquoi elle vient de gracier le condamné Dreyfus. Toutes les idées grandes, nobles, fi ères, gé néreuses, patriotiques, qui avaient bercé notre enfance, elle s’est efforcée de les empêcher de germer dans l’âme des petits d’aujourd’hui... La regardant faire depuis de lon gues années, nous nous ébahissions de son audace et nous trouvions le gou vernement furieusement sectaire. Sec taire, oui, il l’était; mais il était sur tout habile. Il agissait avec une volonté déterminée, une précision rare, une idée longuement préconçue, celle d’as servir les intelligences françaises pour établir d’une façon définitive son pou voir monstrueux dans la patrie de Henri IV et de Napoléon le Grand. Ainsi font les dompteurs lorsqu’ils veulent préparer un lion, un léopard à leur obéir. Ils commencent par les affaiblir à l’aide de diverses pratiques, puis ils leur rognent les ongles, leur arrachent les dents, et alors font faire à ces nobles animaux des tours pour amuser le populaire. De même par des pratiques coupables, la République, après avoir désarmé la France en lui arrachant son droit de souveraineté, a établi en principe que tout était à donner, à acheter et à vena dre : les consciences, les places, les honneurs, les fonctions ; si bien qu’elle a intéressé une foule de gens à son existence. Beaucoup n’ont plus re gardé l’intérêt supérieur de la patrie, mais leurs intérêts particuliers. Ils se sont trouvés (sans trop savoir com ment) « de mèche » avec le gouverne ment. Le gouvernement, lui,a bientôt com pris quelle utilité il pouvait tirer de cet état déplorable d’esprit II décupla les places de fonctionnaires publics. Tout le monde se jeta alors à la man geoire. Tout le monde eut Intérêt à soutenir un état de choses où il y avait des places à jeter à qui en voulait. Seulement, tout le monde ne com prit pas que les impositions étaient outrageusement augmentées pour sa tisfaire au traitement de toutes ces pla ces, et que l'agriculture et le com merce étaient les premiers à souffrir de ce désarroi général. D’un autre côté, favorisées par la Ré publique, les spéculations les plus honteuses, les plus criminelles, étaient ouvertement protégées par le gouver nement. Panama, les chemins de fer du Sud, les sociétés véreuses, les con cussions, les pots de vin enrichissaient les ministres, les sénateurs, les dépu tés, leurs amis et connaissances. Il n’y avait plus de morale, de justice, même de bon sens. Alors, la Républi que Parlementaire regarda autour d’elle et dit: « Cela est bien ! La France sera à jamais ma vache à lait. » Car les honnêtes gens, qui n’ont point pris part à ces saturnales, sont aujourd'hui découragés, attristés, veules, sans force et sans foi pour la plu part, n’ayant pas le courage d’enrayer l’inondation de boue et d’ordure dont les Républicains inondent la France, en attendant l'inondation de sang. Et, cependant, on sent, on sait qu’il faudrait bien peu de chose pour ren verser ce gouvernement de malheur. Lui-même le comprend, car, en plus des violences qu’il exerce journelle ment sur les citoyens français, sur leurs biens, sur leurs personnes, sur leurs consciences, il lui faut, tous les dix ans, réunir une Haute Cour de Justice pour jeter la terreur en France. De pareils actes de force, de la part...

À propos

Le Petit caporal était une feuille politique financé par le parti bonapartiste L'Appel au peuple et dirigée par François Perron. En 1877, choquées par la violence des propos de celui-ci, les autorités du parti confièrent la direction à un homme moins turbulent, Jules Amigues. Le journal, affichant pendant plusieurs décennies des tirages à quelque 20 000 exemplaires, fut publié jusqu'en 1923.

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