Extrait du journal

La plupart des jurés, qui étaient là, émus et bouleversés, ne purent réprimer un énergi que signe d'approbation. Alors Pierre Aubry s'approcha de la jeune femme.- — Venez, madame la marquise, lui dit-il, et quelque désespérée que vous soyez, pensez à ce que vient do vous dire M. de Clavières. Vous avez maintenant un but dans votre vie, et vous êtes trop vaillante pour ne pas vous y consacrer tout entière; Il lui offrit son bras. , Et chancelante, le visage couvert de larmes qu'elle ne songeait certainement pas à es suyer, semblable à la plus belle des statues des désespoirs inconsolables et des douleurs ■sans nom, Madeleine vint reprendre sa place sur le banc d'infamie, pendant que Richard, en serrant sa main, répétait avec une bizarre insistance qui. finit par frapper la marquise : — Courage, Madeleine, Dieu aide les cœurs vaillants: A côté de la .vengeance, au-dessus d'elle,'même, il y a peut-être encore autre chose!... '■ ■ • Mme de Cypièr-es éperdue, se retourna. Que voulait dire Richard, lui qui ne parlait jamais vainement, et dont la moindre parole était pesée?-.,, . , Dans un si terrible moment,-ce n'était pas à son amour» qu'il pouvait faire allusion. Il avait trop de délicatesse pour cela..; Mais alors, à quoi, Dieu du ciel?... Dans sa pensée, tout un drame apparut; un drame au bout duquel l'horizon s ôclaircissait d'une lueur divine... Instantanément dans les grands yeux de Madeleine tout cela se formula.• — Richard, balbutia-1-elle, au:nom du cielf.. .-que-voul^z-vous dire?;.-. Il mit un doigt sur ses lèvres, et aus#i pâle...