Extrait du journal

moment de grand silence,, très embarrassant. Philippe Dauray semblait oppressé. A coup sûr il se préparait à aborder nette ment la question. ; Jules, comprenant à merveille que ce n'était point à lui de parler, attendait. Enfin l'ex-banquier, faisant sur lui-même un violent effort, prit la parole; — Vous savez, monsieur, quel immense malheur a frappé ma maison... — dit-il d'une voix que l'émotion rendait tremblante,—vous savez combien sont cruelles et imméritées les souffrances que nous endurons à la suite d'une action infâme... Vous savez que ma fille innocente, mon enfant adorée... ■ : Il fut impossible au pauvre père d'achever. Les sanglots-lui coupèrent la voix. — Je sais, monsieur, combien votre douleur est profonde et légitime,—s'écria le comte de Lucenay avec feu, — et je remercie Dieu qui me permet de la calmer, en me choisissant pour une grande œuvre de réparation... Je me suis juré qu'autant que cela dépendrait de moi, la calomnie • n'effleurerait même point le nom de Mlle Dauray, et je tiendrai mon ser ment sLvous me faites le grand honneur de méjuger digne d'entrer dans votre famille... Ces paroles', prononcées avec autant de sim plicité que d'entraînement, semblaient partir du cœur. LÏX Jules do Lucenay poursuivit, toujours avec cette simplicité savante et cette émotion conrimunicativë.que les plus grands comédiens de notre époque auraient- pu lui envier : .— Connaissez-moi. bien, monsieur, car si vous m'acceptez je veux que yous n'ignoriez rien de moi; .. « J'ai vingt-cinq ans.—J'ai été riche. — J'ai jeté ma fortune aux quatre vents des folles passions de .nja première jeunesse.. . Mais je n*ai jamais mis une tâche, si légère fût-elle,...