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Le Petit Marseillais, 11 janvier 1893

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Le Petit Marseillais
11 janvier 1893


Extrait du journal

douté. Que contient-il ? la paix ou la guerre, la prospérité ou la ruine, l’arbitraire ou la justice? Mon Dieu ! faites qu’il se trouve une bonne loi, une réforme heureuse, un projet fécond, sagesse, équité, patriotisme, liberté et dévouement dans le paquet du gouverne ment ! Dès l’aube apparaît l’ouvrier, son paquet sous le bras : Des outils, un morceau de pain. L’oiseau dort encore et rétoile n’est pas couchée. Le long des champs ou des faubourgs, il liasse résigné et vaillant, s’en allant au travail comme on marche au combat. Chaque matin, le chantier l'attend et sa femme, ses enfants l’attendront cha que soir. Que son pain soit moins dur et que l'outil reste léger à sa main toujours solide ! Ceci c’est la morgue avec son silence lu gubre et ses cadavres nus, couchés sur la dalle. Près d’eux, des habits souillés qui pendent à un clou rouillé, loques miséra bles et fripées, comme tordues pour l’ago nie, vêtements encore mouillés ou tachés de sang. Chaque jour, ils s’entassent for ment peu à peu une garde-robe anonyme et funèbre, et, chaque mois, on passe en revue ces défroques des morts, on les clas se. on les dispose, on les numérote comme des condamnés et l’on vend à la criée ces paquets du suicidé. Ils sont partis deux pour les hauts som mets : l'un avec ses couleurs et ses pinceaux; l'autre, avec ses verres grossissants et ses télescopes qu’il braquera sur le ciel. Le pre mier s’en va surprendre la nature dans son réveil et cueillir des paysages, comme on cueille une fleur, pour les emprisonner dans un cadre. Le second monte aux faîtes que blanchit la neige pour suivre la course des astres vagabonds, calculer la distance des mondes et sonder les étoiles mystérieu ses. ces télescopes et ces pinceaux, c’est le paquet de l’artiste et du savant. Voyez-vous ccs guerriers qui courent à la frontière?Voyez-vous étinceler leurs armes? Entendez-vous résonner leurs clairons ? La patrie est en danger et ils s'en vont sauver la patrie. Ces armes qui brillent, c'est le rempart de la nation, c’est le salut de la France, c’est le paquet sacré du soldat. Qae voyez-vous encore ? Dans les bras d’une femme, lin bel enfant. Il sourit à sa mère et sa mère le presse sur son sein, em brassant tour à tour ses joues roses et ses cheveux d’or. Que Dieu veille sur ce fardeau si fragile et si cher ! Qu’il protège ce paquet vivant de la jeune mère ! Il semble bien mince et bien léger, notre paquet à nous dont la destinée est d'écrire : Une feuille, une plume! Mais cette feuille, renouvelée sans cesse, se dresserait avec ses études, ses i>olémiques ou ses fantaisies cinq ou six fois plus haut que la tour Eiffel ; et, cette plume qui défie tous les mistrals, cette plume infinie, ca pricieuse ou grave, austère ou charmante, humble ou radieuse, infatigable, hardie, explore tous les mondes, ne doit jamais se courber sous les recherches et les efforts de la pensée, le poids des travaux et desans, l'éternelle et pesante moisson du vrai, du beau, il est rude le paquet de l’écrivain. C’est ainsi que chacun de nous reçoit icibas son paquet en venant au monde, et qu’il le traîne, du berceau et de la tombe, tout le long de la vie. Doux et léger d’abord, il ne contenait, que promesses et qu'espérances, qu’illusions évanouies à chaque pas. Arrivés au terme du voyage, nous le sentons peu â peu, sau vant sans regret, tomber de nos mains dé faillantes, il ne reste plus alors que peines et déceptions. L’espoir s’est envolé et la foi s'est éteinte. FU LBERT-DU MONTEIL. LE PROTÉE PU PANAMA Voici un extrait d’une étude sur Arton, le véritable Protce du Panama, l’homme aux transformations perpétuelles, publiée par le Figaro : Quand son rôle de brigandage politique et financier a élé démasqué, le personnage s’est enfui. Mais les secrets qu'il emporte sont si lourds; les documents qu'il détient sont si terribles pour tant d’hommes au pouvoir ou près du pouvoir, que personne n’ose le re chercher dans sa fuite. Nos gouvernants savent cependant sa retraite actuelle, sa beso gne nouvelle et son nom précis et, de tous cotés, des offres directes d’argent sont faites â Arton pour l’achat de ce fameux annuaire annoté dont chaque ligne serait un scandale. Lui, très calme, confiant en un prompt re...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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