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Le Petit Marseillais, 11 novembre 1900

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Le Petit Marseillais
11 novembre 1900


Extrait du journal

tres provinces encore, plusieurs poètes et penseurs nouveaux, — nous n’en voulons pour preuve qu’un récent livre de M. Henry Bordeaux, précisé ment intitulé : Le Pays natal. M. Henry Bordeaux est bien de ces hommes d’aujourd’hui qui mettent leur honneur à cultiver leur propre champ d’action, tout un domaine de pensées en friche, dans le pays natal. Il y a d’autant plus de mérite que, cri tique avisé et pénétrant, il connaît trop ce que comporte de mélancolique et de vam la profession d’écrire. Mais il a loi dans l’efficacité de la conscience et la vertu de l’effort. Maire deThonon, dans la Haute-Savoie, il fait silencieu sement œuvre de citoyen. Poète et penseur, il écrit un livre où il exalte le culte de la petite patrie, du coin de terre où par de profondes racines on tient au passé, germe de l’avenir. Il observe et flétrit vigoureusement quelques-uns de ces maux dont la France, la vaincue volontaire de 1870, est cariée : vices de la centralisation excessive, et cette forme saisissante du manque français de sens moral, le fonctionnement du parlementarisme actuel. Et, par-dessus tout, il aime, il fait aimer le grave et doux paysage de Savoie, petite patrie, reilet de la grande. De tels livres, dussent-ils n’avoir qu'une action momentanée, dussent-ils quoique marqués au coin d’un talent sincère, n ôtre point de ceux qui por tent le signe mystérieux et surnagent sur l’océan du siècle, de tels livres sont bons, méritent qu’on le dise et qu’on le répète. Ah ! si de tous les coins de la terre française pouvaient ainsi s’élever des voix de bon sens, de courage, d'éloquence et dé raison, si l’on se mettait enfin à aimer vrai ment chez nous de la sorle le pays natal, alors le mot de Faidherbe ne demeurerait plus à l’état de lettre morte, et le peuple serait moralisé, parce qu’il serait instruit. On ferait meilleure ligure dans le monde; on se relèverait pour de bon du désastre de 70. Et, pour continuer à nous servir d’expressions personnelles, il y aurait enfin chez nous, au service des grandes idées humaines, au service par exem ple d'un Ivrüger débarquant à Mar seille et faisant appel à la justice, autre chose que d’inutiles, d’impuis sants tronçons de glaive! Nous venons de prononcer un nom qui, accolé au titre de cet article : le pays natal, nous serre le cœur. Ixrfi ger ! Et dans un éclair nous évoquons les républiques sud-africaines en vahies, et celte terre qu’il abandonne, son pays notai, à feu et à sang. Puisse la noble Marseille, par ses acclama tions dignes,par sa vénération attristée — car trayant point su mordre quand il le fallait, il ne convient pas de nous mettre à aboyer maintenant — puisse Marseille prouver à l'exilé, lorsqu’il touchera le sol de l’Europe, qu’en France nous sommes quand même beaucoup à comprendre l'impérissable beauté de cet acte contre lequel ni sang ni feu ne prévalent: la lutte pour le pays natal ! PAUL et VICTOR MARGUERITTE....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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