Extrait du journal

lait la violation de la neutralité de la Grèce par les alliés, avouez que vous avez violé bien d'autres choses depuis dix-huit mois, et il est bien juste que ce soit notre tour de vous imposer par la force le respect des lois internationales... <( Au consul de Bulgarie, qui demandait la permission de retourner à son consulat pour y prendre quelque argent lui apparte nant en propre, et dont il pensait avoir be soin au cours de son voyage en Fiance, l’aimable fonctionnaire répondait poliment, mais fermement : « Inutile de vous déran ger, monsieur, tout ce qu’il y a dans votre consulat est déjà en lieu sûr... » — « Com ment, s'exclama le consul, on a pris mon argent, mais c’est abominable ! » — Tran quillisez-vous, on vousde rendra en temps et lieu, et le chef de la sûreté, ajoutait ironi quement : « Nous sommes solvables, nous venons d’encaisser 15 milliards I » « A ces mots, la face du consul turc, une classique figure de « vieux-turc » resté fran cophile sous la férule d’Enver bey et du Comité « jeune-turc », s’épanouissait dans un large sourire : « Ah oui I affirmait-il, la France, grande nation, nation très riche... » D'ailleurs, ce personnage, qui, toute la journée, n’avait cessé de trembler et avait failli s’évanouir devant les baïonnettes françaises, se montrait maintenant pleine ment rassuré et très heureux de son sort. Du moment où il se trouvait à bord d'un bâtiment français, entouré de matelots et d’officiers français, il lui semblait avoir retrouvé des amis en ouittant les quais de Salonique pour prendre la route de la France. « Enfin, à 11 heures du soir, toutes les formalités de la police étant terminées, le capitaine invita les passagers à se retirer dans leurs cabines, les prévenant que la moindre tentative d’évasion ou de rébellion serait immédiatement réprimée ; et, de fait, c'est entre deux cuirassés de l’escadre que le croiseur passa la nuit. « Dans la journée du lendemain, la femme et les enfants du consul allemand rejoignirent le bord sur leur demande ; et, comme l’arrivée de ces nouveaux person nages avait suscité sur le pont une petite scène de famille par trop bruyante, motivée surtout par l'appréhension qu’inspirait à la mère le sort qui pourrait être réservé à ses enfants, le capitaine du croiseur invita le consul autrichien à rassurer son collègue allemand : « Veuillez lui rappeler, dit-il à haute voix, que ce ne sont pas les Français qui coupent les mains aux petits enfants. » Nos lecteurs savent le reste : la nuit sui vante, le croiseur appareilla et s’éloigna rapidement des eaux grecques, où il n’était pas sans appréhender quelque surprise fâcheuse. Enfin, après une traversée de quelques jours rendue très pénible par le mauvais temps et par la vigilance que né cessitait la présence des. sous-marins aus tro-boches, il mouillait, le 8 au matin, en rade de Toulon, ayant très heureusement accompli sa délicate et périlleuse mission. On a vu par nos dépêches qu’avant de quitter le bord, les consuls avaient tenu à exprimer au capitaine leur satisfaction sur la façon dont ils avaient été traités pendant la traversée. L’un d'eux, le consul d’Autri che, ajouta : — A de cerains moments, nous nous se rions crus sur un bâtiment ami. — Vous n’étiez pas sur un bâtiment ami, répliqua le capitaine, mais prisonniers sur un bâtiment français, et cola suffisait pour que vous fussiez traités avec humanité. » ADV.,...