Extrait du journal

condamné ce malheureux agent, occupant seul un poste devant lequel passaient cent vingt trains par jour ! On s’indigne aujourd’hui contre un assu jettissement pareil imposé à un pauvre diable, on annonce même l’inévitable interpellation adressée au gouvernement dès la rentrée des Chambres. Cette mise sur la sellette est assez légitime. N’existe-t-il pas, en effet, tout un personnel du contrôle des chemins de fer,de commis saires de surveillance administrative,appoin tés par l’Etat, ne relevant que de lui, vivant assez intimement dans le fonctionnement de l’exploitation des voies ferrées pour s’apercevoir de choses aussi exorbitantes que celle — plus commune qu’on ne le croit — que vient de révéler l’accident d’Appilly ? Est-ce que, si l’administration supérieure voulait vraiment voir ce qu’elle a charge de voir, elle n’aurait pas tout pouvoir pour intervenir, au nom de la sécurité publique, en vertu de son droit de contrôle, avant que les causes efficientes n’aient produit l’effet fatal ? En remontant de cause en cause,on trouve là la responsabilité réelle ; nous sommes bien certain que celui qui développera l’interpellation annoncée ne se fera pas faute ae la mettre en relief, et ce sera une nouvelle occasion, dûment offerte à l’oppo sition systématique, de saper encore un peu la confiance que doivent nous inspirer les excellentes gens portant la charge de nos destinées. Le gouvernement se tirera de cette interpellation comme de nombre d’autres annoncées, et nous ne voyons pas une crise ministérielle survenant à la suite d’un incident de cet ordre. Mais ne croit-on pas qu’un peu de sollicitude préventive pourrait éviter de fournir de la besogne à ceux qui ne rêvent que de trouver le gouvernement en faute? A. ELBERT....