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Le Petit Marseillais, 16 février 1888

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Le Petit Marseillais
16 février 1888


Extrait du journal

Cependant, apres avoir bien hésité, bien cher ché à se donner une énergie qu’elle avait peu à peu senti s’évanouir, Advienne retrouva son intention de suicide plus violente que jamais. Il lui paraissait même qu’en s’accordant un sursis, elle manquait à une impérieuse néces sité. Elle saisit de nouveau l’instrument dont elle avait déjà eu, une première lois, l’intention de se servir. Et, résolument, elle le plaça sur la causeuse, à côté d’elle. Elle allait donc mourir ! Mais, avant d’accom plir l’acte de violence contre sa personne, elle voulait laisser un mot adressé à l’absent... Ne lui venait-il pas à la pensée, à présent, qu’on pourrait accuser quelqu’un de sa mort, et mettre la police à la recherche du coupable ! Pour remédier a cela, il n’y avait que le moyen du billet écrit à la hâte et qu’on trouve rait sur elle. Advienne ouvrit son chiffonnier, y prit un crayon et un petit carnet de notes, dont elle arracha un des feuillets. Puis elle réfléchit. En quels termes lormulerait-elle ce billet ?... « Qu’on n’accuse personne de ma mort » Soit! c’était là un commencement tout trouvé et. pour ainsi dire, consacré. Mais après ? Qu’a jouterait-elle ?... Quel motif donnerait-elle a ce suicide ? Oh ! l’horrible désespoir qu’elle allait provo quer ! Puis, revenant à son idée fixe : Dirait-elle la vérité? Ce serait son devoir, pour que l’honnête homme ne mit pas à l’avenir sa main dans la main du misérable. Et cependant, ce serait pousser celui qu’elle allait désabuser aux plus redoutables extrémités. Mentir alors ? A cette idée, la rougeur lui montait au front. Mentir !... Et quel mensonge trouver ? A qui ferait-elle croire qu’heureuse comme elle l a vait été depuis son mariage, qu’épouse, mère, elle eût trouvé un motif assez impérieux pour l’obliger à se séparer violemment de l’époux affectionné, du fils adore ! Soudain, le sang lui afflua au cerveau. Dans une dernière exaspération de sa conscience, elle trouva la volonté de passer outre à toute considération...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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