Extrait du journal
très fières, le premier moment de terreur passé, d’avoir une pareille occasion d’im portance et de luxe. — Les deux ânesses portent toutes leurs reliques, disait malignement M“° Darras, qui, de son côté, faisait de son mieux pour que sa maison ne fût pas classée, dans la legende, à un trop grande distance de celle de son beau-père. Il y eut, en 1814, delà rivalité dans la façon de recevoir l'étranger, quand on n’en mettait pas dans la façon de le faire disparaître. 11 est resté, à Troyes notamment, en même temps que des souvenirs de meurtre, de tueries clandestines, quotidiennes, des souvenirs de galanterie; et l'empereur Alexandre, dont on jetait les Cosaques étranglés dans des puits, attachait des cœurs à son char de triomphe, et put en emporter au moins un jusqu’en Russie. Savine, en multipliant ses efforts, en se faisant belle pour ne pas déplaire au comte Platow, en retrouvant dans le luxe fané de son ameublement une dernière étincelle, un dernier vestige de splendeur, n’obéis sait pas seulement à la volupté féroce d'être applaudie et complimentée, même par un ennemi. Elle satisfaisait un besoin de crédit, de prestige, qui devait survivre à.l invasion ; elle croyait se venger de tout le monde, même de son fils et de son mari, et elle faisait surtout des avances à une vengeance inconnue, bien autrement terrible, qu’elle sentait possible, sans dé mêler comment,elle s accomplirait. En attendant, elle épuisait tous les jours les provisions que son beau-père renou velait quotidiennement. Elle était retournée chez son dernier prêteur, et par menace, par prière, peutetre aussi, en répandant sur les vieilles amours, à peine refroidies,les feux rouges .
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
