Extrait du journal

autour de laquelle plusieurs femmes sont groufiées, et où les bienvenues se répètent. Jacqueine pilote Simone vers une autre table, ré servée à la jeunesse. Mme de Millac, ayant battu le rappel, a pu réunir quatre ou cinq jeunes filles, plus gracieuses les. unes que les autres ; de gentils officiers sont venus de Char tres, et déjà dans ce coin-là on j a bote ferme, et les rires fusent. Au bout d’un moment, M. de Millac abandonne son bridge, et vient sa luer Mine d’Haroué, d’autres le suivent et bien tôt elle est entourée ; l’atmosphère, les paro les flatteuses et courtoises la raniment ; elle sourit, elle répond, son gracieux visage s’ani me et s’éclaire, elle a ouvert sa jaquette, et une exquise chemisette fanfreluchée du plus beau jaune jette une note claire qui lui sied à ravir ; il est impossible d’être plus attirante, et ces hommes, bien élevés cependant, se con fient, à voix basse, qu’elle serait une proie dé licieuse... « Au moins, celle-là n’est pas un squelette parfumé », déclare le baron Charlet, qui a la réputation d’être grand connaisseur en ces matières, et il informe confidentielle ment ses partenaires de bridge, que « cette femme-là est faite pour l’amour.» Ah ! heureux celui qu’elle choisira. — Mais elle adore son mari. — Qui, Gaétan ?... Jusqu’à nouvel ordre 1 Je connais mon Gaétan, c’est un monsieur sage et prudent ; il a été raisonnable même dans ses folies. Ce n’est pas du tout ce qui convient à cette femme-là. Moi, si j’avais vingt ans de moins, je vous réponds que j’aurais défoncé Gaétan ; je me serais couché aux pieds de cette belle et je l’aurais bien forcée de me dire de me relever... — Heureusement pour d’Haroué que vous reconnaissez avoir vingt ans de trop. — Malheureusement pour moi, car le sort...