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Le Petit Marseillais, 22 juin 1886

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Le Petit Marseillais
22 juin 1886


Extrait du journal

rer les citoyens. Si le Sénat les repoussait, il as sumerait une lourde responsabilité devant le paya et devant la République. (Applaudissements sur les bancs de la Gauche.) Discours de M. Jules Simon M. Jules Simon répond au précédent orateur. Il commence par rappeler que s'il s’est montré, en 1871, opposé à la rentrée des princes, c’est que la situation était bien différente que celle d’auiourd’hui. Alors, l’assemblée ôtait monarchique; la fusion s’était déjà opérée dans le sein du Par lement, et si elle est restée sans effet, c’est grâce au refus du comte de Chambord, dont on ne sau rait trop louer le grand cœur et la noble attitude. Aujourd'hui, continue M. Simon, le Parlement est républicain, les princes sont devenus de sim ples citoyens, le peuple en a élu quelques-uns dé putés. Us ont fait des lois avec vous. C’est dans celte situation que vous les prenez. Il n’y a donc pas parité entre les princes de 1871 et les princes de 1886. C’étaient alors des exilés qui demandaient à rentrer; aujourd'hui, ce sont des citoyens qui demandent à rester. L'orateur ne conteste pas au gouvernement le droit d'exiler les princes, mais il se demande si l'on doit user de ce droit lorsqu’on se trouve on présence de faits aussi insignifiants que ceux qui sont reprochés aux princes d'Orléans. Par opposi tion à cette sévérité injustifiée envers les uns, le gouvernement se montre plein de mansuétude en vers les autres,envers ceux qui cherchent à ôtablii le gouvernement de la Commune dans le gouver nement régulier. Pourquoi cette partialité î M. Jules Simon déclare ensuite que l'expulsion servira plus la cause des princes qu’elle ne lui nuira ; elle leur donnera une entière liberté d’ac tion ; elle les grandira aux yeux du peuple. Quant à la question de nos relations extérieures, l’orateur pense qu'elle doit être une de nos gran des préoccupations ; n'en pas tenir compte laisse rait supposer que le Parlement est composé de déments et de fous. L'orateur condamne d'ailleurs toutes les lois d’exception, qui engagent ceux qui s’en servent dans une voix dangereuse. Il croit, pour sa part, que le Sénat y est également opposé, et il espère qu’il fera bravement connaître son opinion sur co Iioint, en repoussant une loi inspirée par unepoitique qu’un orateur de la Chambre a ainsi dé finie : « Chassons qui nous gêne. » La séance est suspendue pendant quelques mi nutes. Discours de M. Clamageran M. Clamageran monte à la tribune pour dé fendre le projet. Il se place surtout au point de vue du droit sanctionné par les précédents histo riques. Il rappelle que dans les pays étrangers on a toujours exilé les membres des familles qui avaient régné et que le duc de Broglie , en pré sentant la loi de 1832, l’appelait une loi de non sens. Discours de M. Léon Renault M. Léon Renault se déclare opposé au projet. La mesure actuelle, dit-il, est contraire au droit commun, et les princes, quoi qu’on en ait dit, sont des citoyens comme les autres, auxquels le droit commun est applicable. On a invoqué des précédents, on a rappelé que le gouvernement de Louis-Philippe avait expulsé les Bourbons. Mais la situation n’était pas la même qu’aujourd’hui. Deux dynasties se trouvaient en présence, et Von comprend que la présence de l’une sur le terri toire français constituait un danger pour l’autre. Aujourd’hui, le gouvernement ne peut pas invo quer de pareilles considérations; il 11e peut même pas invoquer la loi d* 1832, puisqu'elle a été abroSée par la loi de 1871, qui fait rentrer les princes ans le droit commun. On comprendrait une mesure d'exception si les princes l'autorisaient par leurs agissements. Mais qu’ont-ils entrepris contre la République? Leur firêsence sur le sol français pendant le 24 Mai et e 16 mai a-t-elle empêché le pays de se prononcer contre ces deux gouvernements? L’orateur ne voit donc dans les arguments apportés à la tribun*...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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