Extrait du journal

Comment on a pesé la Terre Nous avons exposé dernièrement les méthodes aussi simples qu’ingénieuses qui ont conduit à la détermination précise du diamètre, de la circonférence et du volume de notre globe, méthodes qui appartiennent entièrement à la science astronomique puisque c’est par les distances zénithales du soleil et des étoiles que l’on a mesuré les arcs ter restres d’où les dimensions de la sphère ont été conclues. On nous exprime également le désir de voir exposer en quelques lignes les méthodes à l’aide desquelles la science est parvenue à déterminer avec précision le poids de la terre en kilos et, même à peser la lune, le soleil, les planètes et déjà un certain nombre d’étoiles. Commençons par le commencement, par la terre. Les anciens pensaient déjà que « la terre est lourde » et ils la croyaient même plus lourde qu’elle n’est, puisqu’ils la prolongeaient jus qu’aux enfers en des fondations inac cessibles et qu’ils lui faisaient supporter le ciel. Elle était, en quelque sorte, la base de tout. Ce n’est qu à partir de l’époque où l’on eut reconnu son isole ment dans l’espace que l’on songea à son poids réel. 11 y a près de deux mille ans, Plutarque, exposant les opinions des philosophes de son temps, parle jcomme il suit dans son ouvrage sur la lune : « Des poids de mille talents, qui tomberaient dans le sein de la terre, arrivés au centre, s’y arrêteraient, quand même ils ne rencontreraient aucun corps qui les retint, et si la vio lence de leur chute leur faisait passer ce milieu ; ils remonteraient sur-le-champ et viendraient se fixer à ce centre. « Un torrent impétueux qui, coulant sous terre, arriverait jusqu’au centre, y serait arrêté extournant comme autour d’un pôle, resterait perpétuellement suspendu. « Si donc il était possible qu’un homme eût son nombril placé précisé ment au centre de la terre, il aurait en même temps la tète et les pieds en haut. » Ce raisonnement est parfaitement exact. 11 n’y a ni haut ni bas, dans l’Univers. Le centre du globe est le point auquel tendent toutes les attrac tions tout autour du globe et nos anti podes ont la tète en haut aussi bien que nous. Mais il a fallu de longs siècles pour établir ces vérités, et Plutarque, tout en les rapportant comme des hypo thèses curieuses, ne les admet pas. Si l’on pouvait percer la terre par un puits qui la traversât diamétralement de part en part, un curieux qui se pen cherait un peu trop au bord de ce puits et qui y tomberait arriverait au centre du globe en 19 minutes et 10 secondes, avec une vitesse de 9,5.46 mètres par seconde, qui serait suffisante pour le faire remonter de l’autre côté. De là, il retomberait de nouveau vers le centre...