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Le Petit Marseillais, 23 juillet 1888

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Le Petit Marseillais
23 juillet 1888


Extrait du journal

Avant de se séparer, la Chambre a abordé, sans la résoudre, une très impor tante question, dont nous avons déjà eu occasion d’entretenir nos lecteurs, et qui, comme tant d’autres, va se trouver ajour née aux calendes grecques. Nous voulons parler de la défense de nos ports de guerre,* pour laquelle legouvernementne demande pas moins de 02,610,000 francs. Il s’agit, comme on le voit, d’une bien grosse "dépense, et, quoique la question ait paru mûre à bon nombre de députés, nous ne pouvons regretter l’ajournement à la fin de l’année qui a été prononcé par la Chambre. Voter un pareil crédit à la veille des vacances," c’était s’exposer plus tard à bien des mécomptes et à bien des récrimi nations. Il est vrai que si l’urgence a été repoussée, la Chambre a adopte sans dis cussion le projet en première lecture ; mais la deuxième lecture ne viendra pas de sitôt à l’ordre du jour. D’ici là, on aura 1 le temps de mieux réfléchir de part et d’autre. C’est ce que souhaitent tous ceux qui ont un égal souci de l’avenir de notre marine et de la défense nationale. Il nous semble, en effet, que ceux qui, prenant parti pour le projet du gouverne ment, en bloc,ont demandé le vote de l’ur gence, ne se sont pas bien rendu compte que cette question de la protection des ports de guerre en renferme plusieurs au tres bien distinctes. Ainsi, la situation do Toulon, par exemple, ne ressemble pas plus à la situation de Brest, que celle de ce dernier port ressemble à la situation de Cherbourg. Nous avons déjà dit trop sou vent ce que nous pensions de la fermeture de la rade de Toulon pour y revenir; Tou lon nous paraît suffisamment fermé comme cela, trop fermé même. Nous ne croyons pas, en outre, qu’un port militaire, gardé comme il devra l’être en temps de guerre, par tous les moyens de défense fixes et mobiles dont dispose aujourd'hui notre marine, soit aussi ex posé qu’on veut bien le dire aux incur sions, ou aux coups de main hardis des torpilleurs. Ces incursions, qui se com prendraient mieux dans un port de com merce, seraient de véritables actes de folie dans un port où la défense serait bien or ganisée, où tout le monde serait sur ses gardes, où l’on aurait pris toutes les pré cautions que commande la prudence en pareil cas. Peut-être un torpilleur pour rait-il pénétrer de nuit, en dépit des pro jecteurs électriques, des batteries décotes, des estacades mobiles, des torpilles dor mantes, des contre-torpilleurs, des canotsvedettes, etc., mais il nous paraît difficile qu’il pût « faire son coup » et regagner ensuite le large, comme nous l’avons lait en Chine, aux îles Pescadores. Il est à croire que la frégate chinoise que nos marins ont torpillée, la nuit,avec un simple canot à vapeur, de mauvaise marche, dont la machine faisait parait-il un bruit à être entendu de loin, était fort mal gardée ; elle était en outre mouillée sur une rade...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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